Avec des horaires de mère particulièrement chargés, les longs vols internationaux représentent souvent un moment propice à la réflexion. J’ai donc eu beaucoup à penser cette semaine lors de mon vol vers la Côte d’Ivoire, où se déroulait la réunion bisannuelle du Groupe des investisseurs  du Mécanisme de financement mondial pour les femmes, les enfants et les adolescents (GFF). Dans l’avion, j’avais en main le nouveau rapport annuel du GFF — et je me suis sentie particulièrement fière de constater le chemin parcouru par le GFF en seulement quatre ans.

Cette année, le GFF a encore étendu son soutien : il couvre maintenant 36 pays contre quatre seulement lors du lancement du GFF en 2015. Cette croissance spectaculaire est notamment attribuable au fait que les pays prennent des décisions basées sur leurs propres portefeuilles et adoptent l’approche conduite par les pays du GFF, qui favorise l’alignement des ressources des partenaires internationaux avec des plans et budgets nationaux de la santé pour l’obtention de meilleurs résultats.

Cette croissance est due aux partenaires internationaux fantastiques du GFF — une liste qui s’allonge de plus en plus. Au cours de l’année écoulée, nous avons reçu, avec l’appui généreux des donateurs du GFF, des engagements financiers supplémentaires de plus d’un milliard de dollars US envers le Fonds fiduciaire à Bailleurs multiples du GFF. L’atteinte de ces jalons nous rapproche davantage de notre objectif qui consiste à soutenir 50 pays aux taux de mortalité maternelle et infantile et aux besoins de financement les plus élevés.

Ce soutien est plus urgent que jamais : selon les dernières estimations, 2,8 millions de femmes enceintes et de nouveau-nés meurent chaque année — soit une toutes les 11 secondes — de causes généralement évitables. Pourtant, dans la plupart des pays à revenu faible et à revenus intermédiaires de la tranche inférieure, le financement de la santé est trop faible, trop inefficace, et trop loin d’être équitable pour relever ces défis.  La Banque mondiale estime que d’ici 2030, 54 pays à revenus faibles ou à revenus intermédiaires de la tranche inférieure devront mobiliser 176 milliards de dollars supplémentaires pour financer un paquet essentiel de services de qualité pour tous. Ces défis constituent la raison d’être du GFF.

La collection de 27 profils de pays et de sept études de cas approfondies constituent pour moi la partie la plus passionante de ce rapport annuel, parce qu’ils illustrent comment les pays soutenus par le GFF ouvrent la voie en transformant leurs approches en matière de financement de la santé, mais aussi en améliorant les résultats sanitaires de leurs populations. Les dépenses de santé par habitant financées par des sources nationales ont augmenté dans 19 des 27 pays appuyés ; la mortalité néonatale et des moins de 5 ans a chuté dans l’ensemble des 27 pays et, dans 26 d’entre eux, le taux de fécondité des adolescentes a également diminué.

Avec le soutien du GFF, l’augmentation des fonds disponibles se traduit directement en ressources supplémentaires accordées à l’expansion de la prestation de soins de santé vitaux aux femmes, aux enfants et aux adolescents des communautés mal desservies. Au Kenya par exemple, nous avons constaté qu’au cours des deux dernières années, les 47 comtés ont tous respecté le critère de l'augmentation des allocations budgétaires à la santé, et que certains ont même consacré plus de 30 pour cent de leur budget à la santé (soit bien au-delà des 20 pour cent requis). Dix-neuf des 47 comtés ont haussé leurs allocations budgétaires à la santé d’au moins 5 à 10 pour cent, ou plus encore.

Il y a quelques semaines, j’ai également pu observer concrètement les progrès accomplis en Tanzanie. Les soins prénatals y sont passés de 35,8 pour cent en moyenne en 2014 à 64,1 pour cent en 2018, avec près du tiers des régions de Tanzanie qui rejoignent maintenant au moins 70 pour cent des femmes. Parallèlement à l’amélioration des soins prénatals, la moyenne régionale en matière de naissances dans une formation sanitaire s’est également accrue, et est passée de 67 pour cent en 2014 à 79,6 pour cent en 2018. Ce sont de véritables avancées.

Le rapport montre que chaque pays soutenu par le GFF fait face à un ensemble unique de défis et adopte son propre cheminement vers les progrès. Mais dans l’ensemble, il est également clair que l’approche du GFF est sur la bonne voie en matière de création d’opportunités pour plusieurs des femmes, des enfants et des adolescents parmi les plus vulnérables au monde. En catalysant une mobilisation accrue et mieux ciblée des ressources nationales, l’approche du GFF permet aux gouvernements de prendre des décisions plus rentables et plus efficaces d’investissement dans la santé et la nutrition. Une collaboration avec des partenaires internationaux, y compris le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et Gavi, l’Alliance du vaccin, entre autres, est essentiel pour accroître l'impact dans les pays.

Ici en Côte d’Ivoire par exemple, le dossier d’investissement du pays plaide en faveur d’une augmentation annuelle d’au moins 15 pour cent du budget de la santé — un engagement pris lors de l’événement de réapprovisionnement du GFF  d’Oslo tenu en novembre 2018 et renforcé par le Vice-Président du pays dans le cadre du premier dialogue national sur le financement de la santé de la Côte d’ivoire qui s’est déroulé en mai 2019. Avec le soutien du GFF, le Premier Ministre et le Ministre de la Santé ont mis en place cette année la Plateforme nationale pour le financement de la santé, un regroupement multisectoriel qui verra à la mise en œuvre effective de ces engagements et à un meilleur alignement des ressources externes sur le programme et le budget du gouvernement.

Le GFF multiplie également les ressources disponibles pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents afin de soutenir les efforts des pays en matière de renforcement des systèmes de santé à l’échelle nationale. Jusqu’ici, nous avons contribué à la mobilisation de plus de 2 milliards de dollars US de capitaux privés à travers le déploiement de toute une gamme d’outils de financement innovants, notamment sous forme de série d’émissions d’obligations de développement durable axées sur la santé et la nutrition des femmes et des enfants, qui ont été liées au cofinancement et à la subvention d’une réduction des prêts dans les pays du GFF. En 2019, le GFF a, en collaboration avec Grands Défis Canada, la Banque mondiale et d’autres partenaires, lancé la toute première obligation d’impact sur le développement axée sur la santé néonatale au Cameroun, qui vise à sauver chaque année la vie d’au moins 2 200 nourrissons en assurant l’expansion de l’utilisation des soins maternels mère kangourou. Et ce n'est que le début : au fur et à mesure que ces types de mécanismes donneront des résultats, je suis convaincue que nous allons continuer à attirer davantage d’investisseurs.

Je vous invite donc à prendre quelques minutes pour consulter notre rapport annuel et constater par vous-même les progrès accomplis. Bien que le partenariat GFF soit encore très jeune, le rapport indique clairement que de nombreux pays se rapprochent de leur objectif visant à assurer à toutes les femmes, aux enfants et aux adolescents la possibilité de mener une vie saine et productive. J’ai hâte de voir tout ce que nous allons accomplir d’ici à notre cinquième anniversaire!