Le monde a radicalement changé dans le court laps de temps qui s'est écoulé depuis mes dernières réflexions sur la façon dont des héroïnes comme Mama Béatrice, une sage-femme en République démocratique du Congo, et ses collègues font progresser la santé des femmes et des filles en fournissant des consultations prénatales sûres et des services de planification familiale dans certaines des communautés les plus vulnérables. Ce sont des professionnels de la santé dévoués comme Béatrice qui mènent la lutte pour réduire le nombre de décès liés à l'accouchement dans le monde d'environ 40% depuis l’an 2000.  Mais aujourd'hui, Beatrice et ses collègues sont en première ligne dans la lutte mondiale contre la COVID-19, ce qui menace de nuire aux progrès réalisés au cours des dernières années en faveur de la santé des femmes, des enfants et des adolescents.

Comme nous l'avons vu lors de la crise d’Ebola de 2014-2016 en Afrique de l'Ouest, où des systèmes de santé déjà fragiles doivent s'adapter pour répondre à une grave épidémie, le financement et les efforts pour fournir des services de santé de routine aux femmes et aux enfants sont souvent réorientés, mis en danger ou dépriorisés, avec des répercussions sanitaires dévastatrices. C'est ce qui se produit déjà dans de nombreux pays appuyés par le Mécanisme de financement mondial (GFF), compromettant l'accès aux services de santé de routine tels que les consultations prénatales, la planification familiale, les accouchements assistés et les vaccinations des enfants. Les perturbations de la chaîne d'approvisionnement et les difficultés rencontrées dans l'achat de produits de base essentiels se traduisent déjà par des cliniques à faible stock, une pénurie de médicaments et des équipements de protection inadéquats.  Au Zimbabwe, les agents de santé, y compris les sages-femmes, ont menacé de cesser de travailler en raison des établissements de santé peu approvisionnés, et certains hôpitaux ont fermé des sections fournissant des services vitaux comme les consultations postnatales.  Selon Gavi, l'Alliance pour les Vaccins, à la fin du mois d'avril les campagnes de vaccination de routine des enfants appuyés par Gavi ont dû être reportées dans au moins 21 pays, menaçant la réapparition de maladies évitables telles que la polio, la rougeole, le choléra, le papillomavirus humain, la fièvre jaune et la méningite.

Et ce ne sont là que quelques-unes des premières conclusions ; chaque jour, notre équipe apprend des nouvelles plus dévastatrices concernant les femmes et les enfants de nos pays partenaires à revenu faible et intermédiaire de la tranche inférieure qui ne peuvent pas accéder aux soins dont ils ont besoin pour survivre et s'épanouir.

Pour le GFF, c'est tout simplement inacceptable. C'est pourquoi nous nous sommes joints à Béatrice et aux agents de santé de première ligne dans ce combat.

Tout d'abord, nous avons rallié l’appui de partenaires mondiaux de haut niveau pour attirer l'attention sur les répercussions causées par la COVID-19 et sur la nécessité de veiller à ce que la prestation sûre et équitable de services de santé et de nutrition essentiels aux femmes et aux enfants soit soutenue en tant qu'élément central d'une réponse efficace face à la COVID-19 et des efforts de reprise.

Deuxièmement, en capitalisant sur notre solide portefeuille national, notre expertise technique et nos solides réseaux de partenaires mondiaux et nationaux, nous apportons un appui aux pays de trois manières :

  • En aidant les pays à prioriser et à planifier le maintien des services de santé essentiels pour les femmes et les enfants
    • Le GFF aide nos partenaires nationaux à accéder aux meilleures données probantes pour les guider dans la priorisation des services de santé essentiels pour les femmes et les enfants, et à effectuer une cartographie des ressources et un suivi des dépenses pour s'assurer que ces services sont suffisamment et efficacement financés et exécutés. Cet effort de coordination est renforcé par l' infrastructure de connaissances et d'apprentissage du GFF qui facilite les séminaires en ligne et permet un partage rapide et en temps réel des informations et des bonnes pratiques entre les pays.
  • En renforçant la prestation de services de première ligne
    • Le GFF travaille en étroite collaboration avec le Groupe de la Banque mondiale (GBM) pour garantir que le maintien des services essentiels de santé reproductive, de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent fasse partie des nouveaux projets et investissements dans le cadre de sa  réponse massive face à la COVID-19.  Grâce à une assistance technique et à un financement flexible, nous aidons nos pays partenaires à adapter leurs modèles de prestation de services, à garantir les produits essentiels de planification familiale et de santé maternelle et infantile, et à protéger leurs agents de santé de première ligne.

 

  • En abordant les contraintes liées à la demande de services
    • Nous devons non seulement nous assurer que des services de santé vitaux sont disponibles, mais également que les femmes et leurs familles peuvent et vont y accéder. Nous savons que la pandémie freine la demande de soins de santé, soit parce que les gens craignent d'être infectés dans les établissements de santé, soit à cause du confinement, soit parce qu'ils n'ont pas les moyens de payer.  C'est pourquoi le GFF appuie également les pays dans le cadre de campagnes de communication et de changement de comportement visant à lutter contre la désinformation et à conseiller les communautés sur la manière de se faire soigner en toute sécurité.

Nous sommes tous redevables aux Mamas Béatrice du monde qui sont les travailleurs essentiels - et de véritables héroïnes - dans la lutte contre la COVID-19 et les menaces quotidiennes à la santé et au bien-être des femmes, des enfants et des adolescents. Il est de notre devoir de les soutenir et de veiller à ce qu'elles disposent des ressources, des données, des outils et de l’appui politique dont elles ont besoin pour sauver des vies, non seulement au cours de cette pandémie, mais au-delà.