La Journée internationale de la femme représente une excellente occasion d’axer la réflexion sur les réalisations formidables des femmes du monde entier et de célébrer le 25e anniversaire de la Conférence internationale sur la population et le développement tenue à Nairobi au Kenya.

Au Mécanisme de financement mondial (GFF), nous célébrons également les héroïnes moins connues, qui luttent pour la santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles. L’une de ces héroïnes est Mama Beatrice, une sage-femme expérimentée et matrone d’un centre de santé de la province de Kwango en République démocratique du Congo  (RDC). En RDC, trois femmes sur 100 mourront pendant leur grossesse ou l’accouchement et quarante pour cent des femmes ne peuvent satisfaire à leurs besoins en matière de méthodes modernes de contraception, ce qui donne lieu à plus de 1,8 million de grossesses non planifiées par an. Près du tiers des naissances dans les zones rurales de la RDC surviennent chez les adolescentes.

Avec le soutien du Gouvernement de la RDC en partenariat avec le GFF, de la Banque mondiale et d’autres partenaires au développement, Beatrice a réussi à mettre en place un hôpital propre et lumineux, doté d’une source d’eau de meilleure qualité, de nouveaux lits d’accouchement et de pèse-bébés. Elle fournit des uniformes impeccables à son personnel et des blouses d’hôpital personnalisées à ses patientes, car elle estime que toutes les femmes ont le droit d’accoucher dans la dignité et que son personnel mérite de travailler dans un cadre sain et professionnel. Mama Beatrice s’engage également à offrir à ses clientes des méthodes modernes de contraception afin de les aider à maintenir le nombre d’enfants désirés. Si vous lui parliez, elle vous dirait fièrement que son hôpital n’a enregistré aucun décès maternel au cours des trois dernières années.



Centre de santé de la provence de Kwango, RDC

Bien que chaque pays compte des dizaines de travailleurs de la santé dévoués comme Béatrice, il est également vrai que, chaque année, plus de 5 millions de femmes et d’enfants de moins de 5 ans meurent de causes évitables. Même lorsque les femmes ont accès aux services de santé, elles sont souvent confrontées à des systèmes sanitaires qui ne répondent pas à leurs besoins ou pire encore. Une étude récente publiée par le Lancet a révélé que les femmes échantillonnées à travers les systèmes de santé de pays à revenu faible et intermédiaire inférieur sont encore systématiquement victimes d’abus, de stigmatisation et d’un manque de respect pendant l’accouchement. De plus, une campagne mondiale sans précédent menée par la White Ribbon Alliance, qui entendu les voix puissantes de 1,2 million de femmes, a révélé qu’elles avaient besoin de soins de santé reproductive et de maternité dignes, dans des établissements propres et bien approvisionnés.

Pour relever ces défis, le Mécanisme de financement mondial  (GFF) soutient les efforts menés par les pays afin d’autonomiser et d’améliorer l’état de santé des femmes et des filles. Reconnaissant que la santé, les droits et le bien-être des femmes et des filles sont directement affectés par le contexte économique, juridique et culturel, le GFF travaille avec les pays sur trois aspects :

  1. Prioriser les interventions qui satisfont aux besoins et aux droits des femmes et des filles. Le GFF soutient les pays dans la priorisation d’activités explicitement liées à la santé et aux droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles. Ceci comprend l’amélioration de l’accès à des services tels que la planification familiale et l’élargissement de la qualité et du choix des contraceptifs modernes disponibles. Le GFF soutient également la mise en œuvre de programmes communautaires qui cherchent à modifier les normes sociales et comportementales de façon à augmenter la demande en services de santé sexuelle et reproductive de qualité et à permettre aux femmes et aux filles de décider si et quand elles auront des enfants et combien. Par exemple, cet objectif est en voie d’atteinte grâce à des investissements dans l’éducation au Bangladesh ; par le biais d’interventions communautaires spécifiques en RDC et à travers l’engagement de groupes religieux au Nigéria. Enfin, le GFF aide les pays à prioriser le financement de la santé et les réformes systémiques afin de soutenir l’investissement dans des interventions de haute qualité.
  1. Mettre l’accent sur l’équité pour atteindre les femmes et les filles les plus vulnérables. L’inégalité entre les genres est souvent amplifiée par la pauvreté et d’autres formes de marginalisation. Les femmes pauvres sont beaucoup moins susceptibles d’avoir accès à des services d’accouchement par un personnel qualifié, à la planification familiale et à d’autres services essentiels. Elles sont également susceptibles de recevoir des soins de moins bonne qualité quand elles ont accès aux services de santé. Pour cette raison, le GFF soutient un processus qui situe l’équité en tant que principe directeur et exploite les données afin de mettre en lumière les tendances géographiques et d’identifier les femmes et les filles les plus vulnérables et marginalisées, qui portent une charge de santé disproportionnée ou reçoivent une part trop faible de l’investissement en santé. Par exemple, le Gouvernement du Mozambique travaille avec le GFF pour augmenter le financement acheminé aux districts mal desservis tandis que le Cameroun se concentre sur les régions à forte charge.  Un autre exemple est le Kenya, où des bourses sont accordées aux infirmières de santé communautaire provenant de communautés historiquement marginalisées.
  1. Investir dans des systèmes de données sensibles au genre. Le GFF soutient également les pays dans le développement de systèmes de données sensibles au genre qui aideront à suivre les progrès face aux priorités et aux engagements. Par exemple, les avancées en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs des filles et des femmes nécessitent une amélioration des systèmes de données qui sous-tendent la prestation des services publics. Les systèmes d’enregistrement des naissances et des mariages contribuent aux efforts de lutte contre le mariage des enfants, un enjeu critique d’égalité entre les genres directement lié aux grossesses et aux accouchements précoces ainsi qu’à une multitude de résultats médiocres en matière de santé maternelle et infantile et de nutrition.

Le GFF s’est engagé à travailler en partenariat avec la Banque mondiale et d’autres partenaires pour redoubler les efforts dans ces domaines, tirer parti des opportunités dans tous les secteurs et élargir la portée des investissements potentiels afin de couvrir la santé, les droits et le bien-être des femmes et des filles.

Cette année, la communauté mondiale commémorera le vingt-cinquième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing (1995). Nous attendons avec intérêt de participer aux forums sur l’Égalité des générations organisés par le Mexique et la France, qui mettront en commun les priorités et recommandations clés de partenaires et de militants du monde entier pour faire de 2020 une année de transformation pour l’égalité des sexes. Au cœur de ces réunions de haut niveau et de leurs engagements politiques d’une importance cruciale, nous penserons à des championnes comme Mama Beatrice, qui sont en première ligne et luttent pour les droits, le bien-être et l’égalité des femmes et des filles du monde.