C'est aujourd'hui la  troisième conférence des promesses d’engagement des bailleurs de GAVI, dont l'objectif est de mobiliser au moins 7,4 milliards de dollars de ressources supplémentaires pour protéger la prochaine génération avec des vaccins, réduire les inégalités face aux maladies et créer un monde plus sain, plus sûr et plus prospère. Gavi est un partenaire essentiel dans les efforts du Mécanisme de financement mondial (GFF) pour mettre fin aux décès évitables de mères, d'enfants et d'adolescents d'ici à 2030. Avec la pandémie de COVID-19 qui menace de perturber la prestation de services de santé vitaux et d'annuler des décennies de progrès, ce partenariat devient plus important que jamais.

Comment Gavi et le GFF ont-ils travaillé ensemble au cours des cinq dernières années, depuis la création du GFF ? Nous avons rencontré l'Économiste en chef du GFF, Mirja Sjöblom, qui, avec Ellen van der Poel, a dirigé les efforts du GFF pour renforcer la collaboration avec les agences de santé mondiales, pour parler des réalisations passées et discuter des moyens de progresser dans le contexte de la pandémie de COVID-19.

Avec le prochain réapprovisionnement de GAVI et l'approche du cinquième anniversaire du GFF, comment pensez-vous que ce partenariat a évolué?

Gavi et le GFF sont tous deux animés par une vision globale : construire un avenir meilleur pour les enfants et les femmes et mettre fin aux décès évitables, en particulier parmi les communautés les plus pauvres et les plus vulnérables. Notre collaboration initiale s'est principalement concentrée sur le plaidoyer mondial et la convocation des partenaires, mais au fil des ans, la communauté mondiale de la santé a réalisé que l'impact durable dépend de la façon dont nous travaillons ensemble pour construire des systèmes de santé résilients dans chaque pays. Le travail du GFF avec les gouvernements autour de l'élaboration d'un Dossier d'Investissement qui rassemble de multiples parties prenantes et aligne le soutien et le financement des partenaires, a contribué à traduire notre vision mondiale en une collaboration efficace et structurée au niveau national. Le soutien de Gavi a toujours été un élément essentiel de ce processus et nous nous réjouissons de poursuivre ce travail et de renforcer encore notre collaboration à l'avenir.

Selon vous, quel est le plus grand avantage du partenariat GFF-Gavi?

Animées par la même vision, nos approches ont de nombreux dénominateurs communs. Au niveau national, nous sommes confrontés à des opportunités et à des défis similaires, nous travaillons ensemble pour trouver des solutions communes et nous nous complétons mutuellement, notamment sur les questions liées au renforcement des systèmes de santé et à la mobilisation de financements pour le secteur de la santé. Par exemple, au Mozambique, Gavi et le GFF développent une collaboration pour aider le ministère de la santé à utiliser davantage de données pour la prise de décision et à améliorer la qualité des données et les systèmes d'information pour l'ensemble du secteur de la santé, et pas seulement pour les vaccins. Un autre exemple est notre plaidoyer commun en faveur d'une augmentation des ressources nationales pour la santé. Par exemple, en Côte d’Ivoire le Fonds mondial et Gavi ont cofinancé une évaluation du financement de la santé réalisée par la Banque mondiale, qui a apporté une contribution essentielle au Dossier d'Investissement national, lequel était axé sur le renforcement des soins primaires. Le Dossier d'Investissement a ensuite été utilisé en tant qu’un outil de plaidoyer pour augmenter les ressources nationales dans le secteur de la santé, ce qui a abouti à l'engagement du Premier ministre d'augmenter le budget de la santé d'au moins 15 pour cent par an. Je vois également la possibilité d'étendre la collaboration autour des approches de prestation de services. Par exemple, lorsque Gavi travaille avec des pays pour administrer le vaccin contre le papillomavirus humain (VPH) aux adolescents, nous pouvons travailler ensemble et élaborer des stratégies communes de prestation de services qui ciblent ce groupe (par exemple à travers des cliniques adaptées aux jeunes). De même, les journées de vaccination des enfants appuyées par Gavi, peuvent être utilisées pour atteindre également les mères avec des services de santé sexuelle et reproductive.

Pourriez-vous décrire l'accélérateur de financement de la santé et le rôle du partenariat GFF-Gavi dans ce projet?

Le lancement du Plan d'action mondial (GAP) a contribué à accélérer la dynamique en faveur d'un alignement plus fort des partenaires, notamment grâce à son Accélérateur de financement durable de la santé et son Accélérateur de soins de santé primaires.  Dans le cadre de l'Accélérateur du financement durable, le GFF, Gavi et d'autres partenaires ont des conversations régulières sur les moyens d'améliorer l'alignement et les approches conjointes aux niveaux national, régional et mondial. Cela a donné lieu à des missions nationales conjointes (par exemple, au Ghana et au Tadjikistan) pour étudier les investissements communs à l'appui des priorités nationales, les approches et études analytiques communes et les efforts mondiaux visant à renforcer l'alignement et la collaboration. L'un des points saillants de notre travail conjoint cette année a été la série d'Ateliers sur l'Alignement, coorganisée par le GFF, Gavi et le Fonds mondial, avec l'OMS, la Banque mondiale et d'autres partenaires du réseau P4H  (Providing for Health) en avril 2020, qui a permis aux agences et aux pays de partager des informations sur leurs modèles opérationnels, leurs plateformes de coordination nationale et leurs outils et approches de financement de la santé. Cela a conduit à l'élaboration de plans d'alignement spécifiques aux pays et à un dialogue sur des activités conjointes concrètes.

Ce qui rend ce partenariat encore plus crucial dans le contexte de la pandémie de COVID-19?

La pandémie de COVID-19 a renforcé la nécessité de s'attaquer aux vulnérabilités des systèmes de santé et de les rendre résistants aux chocs de manière à protéger tout le monde, en particulier les plus vulnérables. Elle a également souligné la nécessité de supprimer les obstacles financiers à l'accès aux soins de santé pour les communautés défavorisées. Avec la COVID-19, nous constatons déjà que les services de vaccination de routine sont perturbés et que les progrès en matière de mortalité infantile sont compromis. Ces perturbations peuvent entraîner des revers pour les pays qui sont sur la voie de la Couverture de Santé Universelle (CSU) d'ici à 2030. La nécessité d'une coopération mondiale intensifiée, notamment entre les organismes de santé, n'a jamais été aussi grande, en particulier autour de priorités telles que la pénurie de personnel de santé et la manière de garantir un accès équitable aux services de santé essentiels, aux nouveaux diagnostics, aux médicaments et aux vaccins. Le GFF et Gavi s'efforcent tous deux de faire en sorte que les pays et les agents de santé de première ligne puissent faire face avec succès à la crise de Covid-19 et maintenir les services de vaccination et autres services de santé essentiels pour les femmes, les enfants et les adolescents.

Il est impossible de mettre fin aux décès évitables de mères, de nouveau-nés et d'enfants d'ici à 2030 si les enfants et les communautés ne sont pas protégés contre les maladies infectieuses mortelles et si les pays ne mettent pas en place des systèmes de santé solides capables de soutenir des crises telles que la pandémie de COVID-19. Le succès du réapprovisionnement de Gavi permettra de vacciner 300 millions d'enfants et de sauver 7 à 8 millions de vies supplémentaires d'ici à 2025. Le GFF appuie la mission de Gavi et s'engage à travailler avec Gavi pour aider les pays à améliorer leurs systèmes de santé et à combler les lacunes en matière de vaccination.