This blog originally appeared on Investing in Health 16 October 2020

En 2019, lorsque j’ai pris mes fonctions de directeur du Mécanisme de financement mondial pour les femmes, les enfants et les adolescents (GFF), je n’aurais jamais imaginé que seulement un an plus tard je vous écrirais de manière si alarmante à propos de la santé et du bien-être de la population mondiale. Il y a tout juste un an, des leaders et des plaideurs en faveur de la santé mondiale se réunissaient aux Nations unies pour réaffirmer leur engagement afin d’atteindre la couverture de santé universelle (CSU) d’ici à 2030 et pour un accroissement des investissements dans les services de santé primaire. Des années d’efforts concertés de la part des gouvernements et des partenaires internationaux avaient permis une réduction de 40 % des décès maternels au cours de l’accouchement et de 46 % des décès infantiles. Nous étions nombreux à croire avec optimisme que ces progrès historiques, couplés au renouvellement des engagements politiques de haut niveau en faveur d’une priorisation des investissements dans la santé, se traduiraient par une décennie d’actions accélérées pour atteindre les objectifs fixés au niveau mondial. 

Les progrès récents en matière de santé des femmes et des enfants sont menacés

Aujourd’hui la COVID-19 a des répercussions sanitaires, sociales et économiques considérables aux quatre coins du monde. Ce sont néanmoins les pays les plus pauvres et les communautés les plus vulnérables qui risquent de souffrir le plus de cette crise sanitaire prolongée. La crise COVID-19 menace de plonger jusqu’à 100 millions de personnes dans l’extrême pauvreté et d’annuler les gains durement obtenus en matière de santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et adolescente, et de nutrition. 

Les services de santé essentiels pour les femmes, les enfants et les adolescents sont réorientés et dé-priorisés, ce qui pourrait avoir des effets dévastateurs sur la santé et sur l’équité. Une analyse et un suivi récents menés par le GFF dans plus de 60 000 formations sanitaires situées dans 10 pays partenaires, ont révélé des perturbations majeures dans les services de vaccination des jeunes enfants, les consultations ambulatoires, les soins aux femmes enceintes et aux jeunes mères, et les accouchements sécurisés en présence d’un personnel qualifié. 

Protéger les progrès importants en matière d’accès à des services de santé abordables et de qualité 

Avant le début de la pandémie de la COVID-19, comme le montre le rapport annuel du GFF, les pays dans lesquels le partenariat du GFF existe depuis le plus longtemps, affichaient les améliorations les plus significatives en matière d’accès à des services de santé abordables et de qualité, et enregistraient une progression en matière de nutrition et de réduction de la mortalité maternelle et infantile. Davantage d’enfants recevaient les vaccins et la nourriture dont ils avaient besoin. Davantage de femmes accouchaient en toute sécurité et accédaient aux soins susceptibles de leur sauver la vie avant et après l’accouchement. Et davantage de femmes étaient en mesure d’accéder à des services de planification familiale, ce qui ouvrait la voie à des familles en meilleure santé et à des économies renforcées. Ces progrès sont désormais gravement mis en péril au niveau mondial : comme l’indique le rapport Goalkeepers 2020, le monde a été propulsé 25 ans en arrière en l’espace de 25 semaines – et la fin de la pandémie ne s’annonce pas proche. 

Ce rapport confirme que l’approche collaborative pilotée par le GFF dans ses 36 pays partenaires a porté ses fruits, et montre ce qui est en jeu si nous n’agissons pas de toute urgence afin de protéger les acquis obtenus susceptibles de changer et de sauver des vies. En Afghanistan, par exemple, la protection contraceptive a augmenté de 55 % et le nombre de femmes supplémentaires ayant bénéficié de consultations postnatales a augmenté de 36 %. Au Rwanda, le combat pour le développement infantile déployé à travers divers secteurs a permis de dépister la malnutrition chez 3,15 millions d’enfants. Et en Éthiopie, les mutuelles de santé ont été étendues pour couvrir 28 % de la population, entrainant non seulement une utilisation accrue des services de santé parmi les personnes assurées, mais aussi un allègement du fardeau financier pour les familles. 

Soutenir les pays partenaires

Avec l’arrivée de la COVID-19, la raison d’être du GFF – se concentrer sur les progrès en matière de santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et adolescente, et de nutrition dans les pays les plus pauvres et parmi les populations les plus vulnérables – s’avère plus cruciale que jamais. En donnant aux pays les moyens de prendre la tête des opérations et en permettant aux partenaires de la santé mondiale de collaborer davantage, le GFF fournit la plateforme catalytique dont le monde a besoin pour protéger les progrès au niveau de la santé récemment acquis, garantir que les pays puissent maintenir les services essentiels de santé et de nutrition au cours de la pandémie, et apporter l’appui requis par les pays pour se remettre sur la bonne voie le plus rapidement possible. 

Le GFF est prêt et disposé à s’assurer que les femmes, les enfants et les adolescents les plus vulnérables du monde ne soient pas laissés pour compte. Nous sommes honorés de nous tenir aux côtés de nos pays partenaires pour relever ce défi et de collaborer étroitement avec nos partenaires internationaux du Groupe de la Banque mondiale, des Nations unies, des bailleurs de fonds bilatéraux, des fondations, de la société civile et des entreprises pour une meilleure reconstruction. L’heure est venue d’intensifier notre engagement commun : faire en sorte que le monde soit solidement engagé sur la voie de la réalisation de l’objectif selon lequel chaque femme, chaque enfant et chaque adolescent – partout dans le monde – puissent accéder aux services essentiels de santé, abordables et de qualité, dont ils ont besoin pour survivre et prospérer.