La journée de la couverture santé universelle (CSU) le 12 décembre est l’opportunité pour mes collègues et moi au Secrétariat du Mécanisme de financement mondial de garder l'accent sur la santé et le bien-être des femmes, des enfants et des adolescents, un point de départ déterminant du soutien accordé aux pays pour l’accélération des progrès vers la CSU d’ici 2030. Bien que la plupart des pays les plus pauvres soient confrontés à d’importants obstacles de financement, l’expérience actuelle du GFF montre que tous les pays sont en mesure d’améliorer l’efficacité de leurs dépenses de santé afin de se rapprocher de la CSU.

Notre nouveau rapport annuel montre que de nombreux pays soutenus par le GFF transforment la manière dont leur budgets sont établis et utilisés, en utilisant le dossier d’investissement du GFF pour prioriser les interventions de santé et de nutrition les plus rentables et aligner les financements nationaux et internationaux. Au Mozambique par exemple, le GFF et partenaires se sont réunis pour soutenir le programme gouvernemental de renforcement des soins de santé primaires, qui vise à accroître à la fois la couverture et la qualité des services de santé et de nutrition pour les femmes, les enfants et les adolescents. Les évaluations préliminaires indiquent qu’au cours de la première année de mise en œuvre de cette initiative, le gouvernement du Mozambique a non seulement augmenté la part totale des dépenses de santé publique, mais aussi dépassé la plupart de ses objectifs, notamment en augmentant le nombre, la portée et la capacité des agents de santé communautaires, et la proportion d’agents techniques de santé affectés au réseau des SSP. Ces changements systémiques sauvent des vies : dans 42 districts qui accusent du retard, le pourcentage de naissances dans un centre sanitaire est passé de 66 pour cent en 2017 à 80 pour cent en décembre 2018.

Au Nigeria, le soutien du partenariat GFF a contribué à l’accélération de la mise en œuvre du Fonds de base pour la prestation de soins de santé (BHCPF), le mécanisme de financement mis en place dans le cadre de l’opérationnalisation de la Loi nationale de 2014 sur la santé, qui garantit à tous les Nigérians un paquet minimum de services de santé de base gratuits et universels (BHCPF). Les données probantes tirées des initiatives pilotes soutenues par le GFF dans trois États nigérians ont convaincu les décideurs politiques d’augmenter la dotation budgétaire pour le Fonds, ce qui a donné lieu à un engagement de 180 millions de dollars, soit 1 % du budget fédéral annuel, qui sera directement tiré des ressources nationales afin de soutenir le BHCPF chaque année. Les projets pilotes ont montré le chemin pour une expansion progressive du paquet au fur et à mesure que l’économie se développe et que les réformes visant à augmenter et à diversifier les revenus sont mises en œuvre, tandis qu’un exercice de cartographie des ressources a mis en évidence les déficits de financement et les domaines de duplication, ce qui permettra de déterminer où et comment le financement extérieur devrait être budgétisé.

En vue de l’importance des déficits actuels de financement de la CSU, il est clair que la plupart des pays à revenu faible ou intermédiaire de la tranche inférieure ne seront pas en mesure de réaliser la CSU d’ici 2030, à moins d'une augmentation substantielle des ressources nationales de santé. Pour y parvenir, il faudra rallier toutes les parties prenantes et les instruments financiers et techniques autour d’une vision commune. Au GFF, nous aidons les gouvernements à réunir les parties prenantes nationales et à favoriser l’apprentissage entre pays. Dans ce cadre, le partenariat du GFF et du Joint Learning Network  vise à renforcer la capacité des ministères de la Santé à s’engager plus efficacement dans les négociations budgétaires en tirant des leçons de l'expérience d’autres pays.

Même si le leadership en matière de financement de la santé doit être assumé par les pays eux-mêmes, nous savons que pour parvenir à la CSU d’ici 2030, il faudra également que les partenaires internationaux optimisent leur soutien. En associant efficacement les incitations financières en provenance des bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux — y compris les bailleurs bilatéraux, Gavi et le Fonds mondial  pour la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, et le soutien de partenaires techniques tels que l’Organisation mondiale de la santé  (OMS) — le GFF offre une plateforme puissante pour aider les pays à mettre en œuvre les réformes nécessaires en matière de financement de la santé.

Nous allons maintenant élever cette collaboration internationale à un niveau supérieur. En effet, dans le cadre du Plan d’action mondial  lancé en septembre dernier, le GFF s’est associé à ces partenaires multilatéraux et à la Banque mondiale  afin d’accélérer le financement de la santé du Plan d’action mondial. Ensemble, nous nous sommes engagés à intensifier le plaidoyer conjoint et le soutien technique aux pays et à accroître le déploiement de mécanismes de financement conjoints. Si nous restons tous fidèles à notre engagement, les pays partenaires du GFF devraient voir la différence d’ici la Journée de la CSU de 2020.

Pour de nombreux pays à revenu faible et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, la progression vers la CSU représente un défi colossal. Les ressources sont rares et les dirigeants doivent faire des compromis difficiles entre des priorités concurrentes. Mais je reste optimiste, puisque si les pays et leurs partenaires continuent à suivre les données, à vérifier leurs intérêts institutionnels et à se concentrer sur l’optimisation des dépenses afin d’offrir un accès à des services de qualité aux populations les plus vulnérables, nous serons en mesure de tenir la promesse d’atteindre la CSU d’ici 2030.