À l’origine, ce blog a été publié sur Investing in Health Blog le 4 août 2016

Cette année, la Semaine Mondiale de l’Allaitement Maternel met l’accent sur le lien fort qui existe entre l’allaitement et la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD).

L’avantage le plus évident de  l’allaitement maternel est qu’il apporte une nutrition optimale aux nouveau-nés et aux nourrissons, qu’ils vivent dans des pays à revenu élevé ou à revenu faible. L’allaitement maternel agit comme un premier vaccin pour l’enfant et, lorsqu’il est fourni exclusivement pendant les six mois de vie d’un nourrisson, comme le recommande l’Organisation Mondiale de la Santé, il peut considérablement améliorer la santé ainsi que le développement et les chances de survie de l’enfant.  Une augmentation de l’allaitement au niveau mondial pourrait prévenir plus de 820 000  décès d’enfants chaque année.

Par ailleurs, l’allaitement maternel protège également  la santé des femmes en réduisant les risques liés aux cancers du sein et des ovaires, au diabète et aux maladies cardiaques. Une augmentation des taux d’allaitement maternel  permettrait d’éviter chaque année quelque 20 000 décès maternels liés au cancer du sein.

Lutter contre la faim tout en améliorant la nutrition, la santé et le bien-être à travers l’allaitement maternel contribue à la réalisation du deuxième et du troisième Objectifs de Développement Durable. Mais qu’en est-il des autres objectifs ?

L’allaitement maternel a également des effets bénéfiques sur l’éducation et le développement économique, sur le recul de la pauvreté et sur le développement durable (ODD nos 1, 4, 8 et 10). Il figure au centre des efforts récemment engagés par le Groupe de la Banque Mondiale pour promouvoir des investissements dans la toute petite enfance. Il s’agit par ce biais de contribuer au développement de « l’infrastructure de la matière grise » ainsi qu’au développement de compétences cognitives et socio-émotionnelles essentielles pour préparer les enfants aux emplois de demain. Les enfants et les adolescents qui ont été nourris au sein peuvent avoir 3 à 4 points de QI de plus que les autres (a), ce qui permet de meilleurs résultats scolaires et, à l’avenir, une plus grande productivité professionnelle.

Malgré les avantages de l’allaitement maternel, on constate qu’à travers le monde, moins de 40 pour cent des enfants de moins de six mois sont exclusivement nourris au sein. L’allaitement maternel représente  un travail à temps plein, et les femmes qui veulent y recourir doivent faire face à des obstacles conséquents – incluant un manque de conseils en matière de lactation,  un manque de temps et un manque d’intimité.  Les pères, le milieu de travail et la société n’apportent généralement pas le soutien nécessaire, comme fournir une aide pour les tâches ménagères ou pour s’occuper des enfants, un congé maternité rémunéré ou la création de salles d’allaitement sur le lieu de travail.

Soutenir l’allaitement maternel est l’un des investissements les plus intelligents qu’un pays puisse  réaliser. Le Mécanisme de Financement Mondial (GFF)  – partenariat à multiples parties prenantes améliorant la santé des femmes, des enfants et des adolescent(e)s –  aide systématiquement les pays à réaliser l’Objectif Mondial 2025 de la Santé qui vise à accroître à raison de 50 pour cent l’allaitement exclusif au cours des six premiers mois de vie. Le GFF est un mécanisme de financement essentiel qui permet d’accélérer et d’aligner le soutien fourni pour des plans catalysées par les pays pour une expansion des services de santé, de nutrition et de population et cela, pour tous les nourrissons, toutes les femmes et tous les enfants.

Par exemple,  au Cameroun où les taux de malnutrition ont peu évolués au cours de 20 dernières années et restent élevés, le Dossier d’Investissement du GFF promeut des pratiques optimales d’alimentation du nourrisson et des jeunes enfants,  notamment l’allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois. Il prévoit également un contrat d’impact pour le développement pour appuyer l’expansion de la méthode dite de la « Mère Kangourou » encourageant un contact continu, peau contre peau, avec un nourrisson afin de réduire la mortalité néonatale et afin d’améliorer la croissance et le développement des nourrissons.

D’autres pays du GFF ont reconnu  l’importance capitale de l’allaitement maternel pour le développement national et ont défini des objectifs spécifiques afin d’augmenter les taux d’allaitement. Le Dossier d’Investissement de la Tanzanie (One Plan II) appelle à une progression significative du taux d’initiation de l’allaitement dans l’heure qui suit l’accouchement, visant à une augmentation de 49  à 80 pour cent. Cette intervention peut sembler insignifiante, mais elle peut éviter un nombre non négligeable de décès néonatals dans les pays en voie de développement.

Les taux d’allaitement maternel peuvent être considérablement accrus dans un délai relativement court, mais cela nécessite une action collective. En agissant maintenant, nous pouvons améliorer la santé et les chances de survie des femmes et des nourrissons: nous pouvons également contribuer davantage à la réalisation des Objectifs de Développement Durable.