Près de 6 millions de mères et d’enfants meurent annuellement dans le monde entier pour des raisons qui auraient pu être évitées. C’est plus que l’ensemble de la population norvégienne qui se trouve ainsi rayée de la carte chaque année.

S’il s’agit de changer cette situation inacceptable, nous devons mettre l’accent sur la santé, l’éducation et l’égalité des femmes dans nos efforts de développement au niveau mondial, surtout à une époque où la coopération internationale est mise à mal. Si d’autres sont en train de réduire leur appui à la santé des femmes, la Norvège veut maintenir son action et redoubler d’effort.

Chaque jour, 40 000 filles de moins de 18 ans se marient. Un grand nombre d’entre elles mettront rapidement au monde leur premier enfant, qui sera suivi de beaucoup d’autres. En se trouvant enceintes trop tôt, avant même de le vouloir, elles hypothèquent leur avenir. Les femmes donnant naissance pendant leur adolescence seront moins à même de prendre soin d’elles-mêmes et de leurs enfants, notamment sur le plan alimentaire. Dans les pays en développement, elles sont 214 millions à ne pas souhaiter tomber enceintes, mais à ne pas avoir non plus accès à des formes modernes de contraception.

Les filles doivent pouvoir aller à l’école, les femmes doivent pouvoir elles-mêmes décider quand elles veulent avoir un enfant et doivent pouvoir travailler et réaliser leur potentiel. Une bonne santé est indispensable pour atteindre ces objectifs. C’est dans ce contexte qu’en 2015, la Norvège, conjointement avec le Canada, les Nations Unies et la Banque mondiale, a lancé le GGF, le Mécanisme de financement mondial, pour prêter assistance aux 50 pays ayant le plus besoin de changer leur mode d’investissement et de financement de leurs services nationaux de santé en faveur des femmes, des enfants et des jeunes.

Plusieurs milliers de femmes, d’enfants et de jeunes ont aujourd’hui ainsi accès à de bons services de santé et de nutrition, et la majorité des premiers pays bénéficiaires du GGF ont entrepris des réformes novatrices du financement du secteur de la santé. Le GFF n’est pas seulement un mécanisme d’aide. Les pays doivent aussi investir, et utiliser cette aide au développement comme un moteur permettant de mobiliser des investissements nationaux et privés.

Le GFF aide le Cameroun à faire passer son budget de la santé à 20 % de son budget national d’ici 2020, alors qu’il n’était que de 8 % en 2017. Le Nigéria met en place un ensemble minimum de soins de santé pour tous les Nigérians et investit également dans la santé et la nutrition des femmes, des enfants et des jeunes. Le Nigéria devrait ainsi mobiliser chaque année environ 150 millions de dollars de nouveaux financements à l’appui des services de santé grâce à des prêts et à des contributions de différents acteurs.

Cette année, la Norvège s’est efforcée d’associer encore davantage de pays à cet effort de promotion de l’égalité chez les femmes grâce à une meilleure santé, à une meilleure nutrition et un meilleur contrôle de leur propre vie. Les 5 et 6 novembre prochains, nous organisons une conférence du GFF à Oslo avec le Burkina Faso, la Banque mondiale et la Fondation Bill & Melinda Gates Foundation. Ce sera l’occasion de mobiliser des contributions qui permettront d’éviter la mort de plusieurs millions de femmes, d’enfants et de jeunes dans 50 pays. Le GFF s’est fixé comme objectif de réunir 2 milliards de dollars qui, selon le Mécanisme, permettront de mobiliser de 50 à 75 millions de dollars qui accroîtront les investissements dans la santé des mères et les enfants des pays pauvres. Le GFF estime qu’il est possible de sauver 35 millions de vies d’ici 2030. L’investissement dans les populations, leur santé, leur nutrition et leur éducation est l’un des meilleurs moyens de promouvoir un développement durable.

Sans accès à de bons services de santé, il ne peut y avoir d’égalité. Le moment est venu de traduire cela dans les faits.

This article appeared in Norwegian in Dagsbladet on 23 October 2018