Le Défis
Au cours des deux dernières décennies, le Rwanda a progressé de manière remarquable en matière de santé. La mortalité maternelle a décru, l’accès aux soins prénataux est devenu quasiment universel et l’utilisation accrue de la contraception a entraîné une réduction en des grossesses. Néanmoins, alors que davantage de nourrissons et d’enfants survivent aujourd’hui plus que jamais, de nombreux enfants de moins de cinq ans continuent à accuser un retard de croissance. Le Mécanisme de financement mondial (GFF) soutient actuellement les efforts déployés par le Rwanda afin d’accélérer une réduction des retards de croissance, de constituer un capital humain et d’assurer un avenir plus sain et plus productif à ses enfants. L’approche adoptée par le Rwanda afin de répondre aux retards de croissance va au-delà des secteurs de la santé et de la nutrition pour inclure des mesures de protection sociale et renforcer les systèmes d’enregistrement et de statistiques de l’état civil. Le rôle catalytique du GFF contribue à maximiser l’impact de ces investissements afin de fournir un ensemble de services essentiels aux familles qui en ont le plus besoin. Ceci se traduit par une meilleure nutrition pour les enfants et un accès élargi aux services, particulièrement pour les familles les plus démunies. En parallèle, le GFF soutient d’importantes réformes politiques et de financements publics qui posent les bases requises pour un impact à long terme.
Progression remarquable en matière de santé, mais persistance de la malnutrition chronique
Le Rwanda a beaucoup investi dans ses systèmes de santé, amélioré l’accès aux services de santé primaire et déployé des dizaines de milliers d’agents de santé communautaire au niveau des premières lignes. Ces efforts ont permis d’enregistrer des progrès significatifs en matière de santé des femmes, des enfants et des adolescents. Par exemple, entre 2000 et 2014, la mortalité maternelle avait chuté de 80 pour cent. En 2014, plus de 95 pour cent des femmes enceintes recevaient des soins prénataux et 90 pour cent accouchaient en présence d’un personnel qualifié. En outre, les services de planification familiale sont également largement disponibles et octroient aux femmes un meilleur accès à la contraception moderne. Alors que le Rwanda a également amélioré les taux de survie des nourrissons et des enfants, les retards de croissance au cours de l’enfance demeurent obstinément élevés à 38 pour cent. Parmi les familles les plus pauvres, les retards de croissance touchent près de la moitié des enfants de moins de cinq ans.
Maximiser l’impact d’une approche multisectorielle axée sur les retards de croissance
Le gouvernement du Rwanda a élaboré un plan national intégré de lutte contre la malnutrition chronique, en partenariat avec le GFF, la Banque mondiale et The Power of Nutrition. Constituant également le dossier d’investissement du pays, le plan coordonne les partenaires ainsi que divers secteurs, comme la nutrition et la protection sociale, afin de fournir un ensemble de services essentiels aux femmes et aux enfants. Le plan cible les districts affichant des taux élevés de retards de croissance, les populations vulnérables ainsi que les années charnières de la vie des enfants – période au-delà de laquelle les effets d’un retard de croissance deviennent largement irréversibles.
Le GFF contribue actuellement au plan à hauteur de 18 millions de dollars américains. Une subvention de 10 millions de dollars américains est reliée à un projet de prévention et de réduction des retards de croissance financé par l’Association internationale de développement (IDA) de la Banque mondiale à raison de 25 millions de dollars américains. Ce projet contribue à la réforme du programme des’agents de santé communautaire et à l’expansion des interventions multisectorielles dans 13 districts présentant des taux de retard de croissance élevés et comptant de nombreux ménages confrontés à l’insécurité alimentaire. Dans le but de soutenir les innovations en matière de protection sociale et de renforcer les systèmes d’enregistrement et de statistiques de l’état civil dans 17 districts, le GFF fournit une subvention supplémentaire de 8 millions de dollars américains reliée au projet de 80 millions de dollars américains de l’IDA de la Banque mondiale – le Projet de renforcement de la protection sociale. Le GFF maximise l’impact de ces investissements grâce à son soutien pour identifier les interventions prioritaires susceptibles d’atteindre les plus vulnérables et aligner les incitations auprès des ménages, des communautés, des prestataires de services et des gouvernements locaux. En parallèle, le GFF apporte une assistance technique dans le cadre de réformes politiques stratégiques, de financements efficients et pérennes, et du suivi des résultats.
Étendre les interventions à fort impact
En appuyant le projet de protection sociale, le GFF a aidé à établir et à étendre des transferts monétaires aux familles vulnérables en vue de les inciter à recourir aux services de santé et de nutrition. Par exemple, les transferts monétaires directs sont liés à des consultations prénatales et postnatales et à des bilans de santé réguliers au cours desquels le poids et la taille des enfants sont mesurés. En 2019, plus de 20 000 bénéficiaires issus des ménages les plus pauvres ont été inscrits pour recevoir des transferts monétaires. Un élargissement des critères d’éligibilité opéré en 2020 a permis au programme d’atteindre 73 000 bénéficiaires, dont 12 000 femmes enceintes et 61 000 enfants de moins de deux ans. En partenariat avec le programme d’Identification pour le développement (ID4D) de la Banque mondiale, le GFF a également apporté son soutien à l’élaboration d’un système national de paiement électronique pour les transferts monétaires, dans le but de réduire considérablement les coûts de transaction et améliorer l’efficacité. Sur la base de ces améliorations, le gouvernement rwandais a approuvé une expansion du programme dans le but de doubler le nombre de bénéficiaires inscrits en 2023 et 2024.
Le GFF soutient également l’expansion rapide d’un programme gouvernemental qui veille à ce que les familles reçoivent des services essentiels au cours des premières années de vie de l’enfant. Ce programme fournit des aliments aux jeunes enfants issus de familles démunies et prévoit une stimulation précoce et un environnement ludique dispensés par des agents qualifiés et des centres offrant des services à domicile de développement de la petite enfance. En février 2020, plus de 25 600 initiatives de développement de la petite enfance avaient été mises en œuvre dans les 30 districts du Rwanda.19 Dans le cadre de ces initiatives, près de 216 000 agents ont dispensé des services de développement de la petite enfance à des enfants de moins de six ans. Par le biais d’un projet de développement du capital humain à venir, le gouvernement étendra ces initiatives à chaque district afin de mieux répondre aux besoins des familles.
Le GFF soutient également les outils innovants, à faible coût et faciles d’utilisation, comme les matelas spéciaux qui aident les familles à suivre la croissance de leurs enfants et leur permettent d’intervenir rapidement pour éviter les retards de croissance. Depuis 2019, plus de 15 000 matelas ont été distribués aux ménages contre environ 1 000 en 2018 (NECDP). En outre, plus de 24 000 agents de santé communautaire ont été formés à l’utilisation de cet outil, ce qui a permis l’examen mensuel d’environ 140 000 enfants âgés de 3 à 18 mois, et ce afin de déceler une éventuelle malnutrition.
Améliorer la prestation de services et le suivi des données
Le GFF soutient les agents de santé communautaire du Rwanda – qui jouent un rôle décisif dans le cadre des plans nationaux d’amélioration de la prestation de services de santé et de nutrition. De par le passé, le manque de formation, des incitations inadéquates ainsi que les ruptures de stocks régulières des produits de base, avaient néanmoins limité leur impact. Le GFF finance la formation, la certification et l’accréditation et renforce les systèmes de paiements incitatifs. En 2020, les 26 000 agents de santé des 13 districts prioritaires avaient été formés à la nutrition maternelle, infantile et du jeune enfant.
Le GFF renforce également les systèmes d’enregistrement et de statistiques de l’état civil (CRVS) du Rwanda pour favoriser l’enregistrement des naissances et veiller à ce que les bénéficiaires reçoivent des services sociaux. Avec l’assistance technique du GFF, le gouvernement a décentralisé et simplifié l’enregistrement des naissances. Il a notamment modifié la législation nationale, attribuant désormais l’enregistrement des naissances et des décès aux agents des établissements de santé. En partenariat avec le programme ID4D, le GFF aide également à renforcer les systèmes d’information pour un enregistrement plus efficace des familles éligibles au programme de transferts monétaires axé sur la nutrition, et pour assurer le suivi du respect des normes en vigueur. Le système de CRVS amélioré est désormais relié au programme de nutrition afin que les familles puissent recevoir en temps opportun les transferts monétaires dont elles ont besoin pour se procurer de la nourriture. Afin de faire progresser la mise en œuvre, plus de 4 500 agents ont été formés dans le cadre du système intégré. L’impact de ces investissements de renforcement des systèmes est clair, notamment avec la publication en 2020 du premier Rapport sur les statistiques de l’état civil du Rwanda qui indique que l’enregistrement des naissances se situe à 87 pour cent avec 78 pour cent des naissances enregistrées en temps opportun en 2019.
Accroître l’efficacité financière et la pérennité
Le GFF a également financé une revue des dépenses de nutrition et utilisé cette information pour aider le ministère des Finances à établir et à institutionnaliser un système capable de catégoriser et de suivre le budget consacré à la nutrition. Ceci contribue à améliorer l’efficacité des dépenses, à suivre les performances et à veiller à ce que les ressources ciblent les groupes les plus vulnérables.
En outre, le GFF aide à renforcer l’efficacité du programme d’assurance santé à base communautaire du Rwanda – un programme qui a historiquement joué un rôle décisif dans l’expansion de l’accès aux services de santé et dans l’amélioration des résultats de santé. Le GFF s’attache à assurer une adhésion plus équitable et à éviter que les ménages les plus pauvres ne s’enfoncent davantage dans la pauvreté à cause des dépenses de santé.
Progression pour l’expansion de services de nutrition pour les enfants
Les efforts renouvelés du Rwanda en vue d’accélérer les progrès réalisés contre la malnutrition chronique se reflètent déjà de façon préliminaire dans l’utilisation des services.
- En 2019, près de 315 000 nouveau-nés supplémentaires étaient allaités dans l’heure qui suit l’accouchement, soit une augmentation de 15 pour cent par rapport à 2018. Parmi les enfants nés dans des établissements de santé, 93,2 pour cent ont été allaités dans l’heure qui suit la naissance, ce qui représente une hausse par rapport aux 84,6 pour cent enregistrés en 2018.
- En 2019, près de 220 000 nouveau-nés ont reçu la visite à domicile d’un agent de santé communautaire au troisième jour suivant la naissance, ce qui représente une augmentation par rapport aux 17,6 pour cent enregistrés en 2018. Dans les districts prioritaires, 21 pour cent des nouveau-nés ont bénéficié de ce type de visites.
- Le nombre d’enfants ayant reçu des aliments enrichis a augmenté de 13,3 pour cent entre 2018 et 2019. Dans les 13 districts prioritaires, l’élargissement des critères d’éligibilité relatifs à ces services a permis une augmentation de 18 pour cent en matière d’adhésion, contre une augmentation de 3,7 pour cent seulement dans les districts non prioritaires. Le nombre de femmes ayant reçu un soutien a augmenté de 19,5 pour cent au niveau national et de 54 pour cent dans les districts prioritaires.