Chaque année, plus de 5 millions de femmes, d'enfants et d'adolescents meurent de causes évitables – ce qui équivaut à la population entière de la Norvège, ou à plus d'un quart de la population du Burkina Faso. Trop de femmes, d'enfants et d'adolescents sont encore laissés pour compte, leur santé et leur nutrition sont toujours sous-financées et ne sont pas suffisamment prioritaires. Pendant trop longtemps, ils ont été les oubliés du développement international.

Des domaines tels que les soins primaires, les services maternels, la santé néonatale et la planification familiale souffrent d'un sous-financement chronique, malgré les énormes retours sur investissement qu'ils génèrent à long terme. Dans le même temps, les changements structurels nécessaires pour que les systèmes de santé fonctionnent pour les femmes et les enfants sont souvent lents et difficiles à mettre en œuvre par les gouvernements, et souffrent du manque de coordination des efforts de financement des bailleurs de fonds.

Si nous voulons faire quelque chose au sujet de ce scandale quotidien et mondial qui touche les femmes et les enfants, en particulier les filles, le monde doit placer la santé, l'éducation et l'égalité des femmes au centre du développement. Les communautés locales qui mettront en œuvre ces programmes et les pays en développement qui devront les financer durablement doivent être aux commandes. 

UN MOMENT DÉCISIF

Nous nous trouvons à un moment décisif pour la santé et le développement au niveau mondial. D'une part, nous vivons une période de risques importants. Alors que la population de nombreux pays à revenu faible et intermédiaire continue de croître, le nombre de personnes qui dépendent des systèmes de santé va augmenter. Si nous n'investissons pas suffisamment dans la santé aujourd'hui, nous risquons d'aggraver ces problèmes pendant des décennies et de compromettre le potentiel de croissance économique.

Mais nous avons aussi une chance historique à saisir. En transformant la santé au cours des douze prochaines années et en atteignant les Objectifs de développement durable – en particulier en se concentrant sur les investissements dans la santé et la nutrition des femmes, des enfants et des adolescents –, nous pouvons faire en sorte que les bénéfices soient conservés pour les générations futures. Nous pouvons créer un cercle vertueux et durable : des populations en bonne santé entraînent une croissance économique et une prospérité accrues, ce qui permet d'investir davantage dans l'amélioration de la santé.    

Cette opportunité de transformer des vies n'est pas gagnée d'avance. Pour en tirer parti, il faut combler une lacune importante dans le financement de la santé.

Créé en 2015 par la Banque mondiale, les Nations Unies et les gouvernements du Canada et de la Norvège, le Mécanisme de financement mondial (GFF) à l'appui de Chaque Femme, Chaque Enfant collabore avec les gouvernements, les partenaires de développement et le secteur privé pour y parvenir.

Le point de départ est un plan rédigé par les personnes sur le terrain. Sous la direction des gouvernements, les fonctionnaires, les professionnels de la santé, le secteur privé, les ONG et les partenaires du développement collaborent avec le GFF pour donner la priorité aux besoins les plus importants des femmes, des enfants et des adolescents, tels que la santé sexuelle et reproductive, les soins maternels et néonatals, et la nutrition. Ils identifient ensuite les solutions qui leur conviennent le mieux et élaborent un plan de mise en œuvre chiffré. Ces dossiers d'investissement sont très spécifiques et répondent aux besoins locaux. Ils fournissent un cadre autour duquel les bailleurs de fonds externes peuvent se rallier et s'alimenter, créant ainsi un changement fondamental dans le financement du développement – un modèle ascendant, axé sur les besoins et la demande, dans un domaine qui a trop souvent été descendant et axé sur l'offre.

Le GFF contribue ensuite à l'élaboration d'un plan de financement, axé sur une utilisation accrue des ressources nationales et un effet de levier sur le financement extérieur. Ce dossier d'investissement national et ce plan de financement permettent aux ministres de la Santé de plaider en faveur d'un financement auprès des ministres des Finances. Grâce à la possibilité qu'ils ont d'apporter les ressources du fonds fiduciaire du GFF, liées aux allocations de l'IDA, à condition d'augmenter les ressources nationales pour ces priorités sanitaires, le coût total des interventions qui sauvent la vie des femmes, des enfants et des adolescents est abaissé, ce qui rend l'investissement dans ces interventions encore plus efficace.

Cela signifie que, dès le départ, les solutions mises en œuvre sont plus durables sur le plan financier. Cela signifie qu'à mesure que les pays s'éloignent de l'aide, l'investissement en faveur des femmes, des enfants et des adolescents continue d'être encouragé.

PREMIERS RÉSULTATS

Le GFF travaille déjà avec 27 pays et les progrès réalisés par ces pays sont encourageants. En Tanzanie, où le travail initial s'est concentré sur les personnes vivant sous le seuil de pauvreté, l'accès aux soins ambulatoires est passé de 2,5 % à 14 % en 18 mois, et le nombre d'établissements de santé performants est passé de 1 % à 22 %. Et au Cameroun, le gouvernement s'est engagé à augmenter le budget alloué aux soins de santé primaires et secondaires de 8 % en 2017 à 20 % d'ici 2020. Dans les établissements utilisant le financement basé sur la performance, le nombre de visites de soins prénatals a doublé pour atteindre 100 000.

Cependant, le GFF doit réunir 2 milliards de dollars américains pour pouvoir atteindre les 50 pays qui en ont le plus besoin. Le 6 novembre, la Norvège et le Burkina Faso accueilleront conjointement l'événement de reconstitution du GFF à Oslo, en Norvège, aux côtés de la Banque mondiale et de la Fondation Bill & Melinda Gates.

Pour le Burkina Faso, le GFF apporte à la fois une nouvelle façon de penser la santé et une plus grande autonomie, ce qui l'aidera à progresser davantage sur la voie de la couverture universelle des soins de santé et de la prospérité économique. Pour la Norvège, le GFF est une approche novatrice de l'amélioration de la santé mondiale qui maximise l'effet de l'investissement dans la santé, contribuant à garantir que chaque femme, chaque enfant et chaque adolescent ait la possibilité de survivre et de s'épanouir.

Nous sommes fiers de co-accueillir l'événement de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. La possibilité d'étendre et d'accélérer l'impact du GFF est une opportunité que nous ne pouvons pas nous permettre d'ignorer.