Libéria

Aligner l’Appui des Partenaires sur la Prestation de Services Équitable

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Bentoe Tehoungue

Directeur des services de la santé familiale, ministère de la santé et des affaires sociales, Libéria

Le Défis

Depuis 2016, le Mécanisme de financement mondial (GFF) travaille avec le gouvernement du Libéria afin de répondre aux besoins sanitaires les plus pressants du pays. Par le biais du dossier d’investissement, le GFF aide le pays à combler les lacunes qui existent en matière de prestation de services et de résultats de santé maternelle et infantile, et ce en focalisant les ressources disponibles sur les six comtés accusant un retard. Le dossier d’investissement a permis d’accélérer les progrès réalisés dans la santé au sein de ces comtés : 10 pour cent d’enfants de moins de deux ans supplémentaires ont été vaccinés ; la fécondité des adolescents a chuté de 14 pour cent ; les accouchements assistés ont augmenté de 24 pour cent ; et le nombre de femmes bénéficiant de soins postnataux s’est vu multiplié par six.

Répondre aux priorités sanitaires dans un environnement difficile

Le Libéria se remet encore de plusieurs années de conflits qui ont pris fin en 2003. Cette période troublée a été suivie en 2014-2016 par une épidémie du virus Ebola qui a encore fragilisé le système de santé. Avec un appui ciblé du GFF et de partenaires internationaux, le Libéria est parvenu à réduire les grossesses parmi les jeunes filles âgées de 15 à 19 ans, et cela de 14 pour cent entre 2013 et 2019.17 Les programmes axés sur l’amélioration de la nutrition ont permis de réduire les retards de croissance de 31,6 à 30 pour cent et l’émaciation de 5,6 à 3 pour cent. Les résultats en matière de mortalité maternelle, infantile et néonatale restaient néanmoins décevant. En 2013, la mortalité maternelle s’élevait à 1 072 décès pour 100 000 naissances vivantes ; entre 2013 et 2019, la mortalité des enfants de moins de cinq ans n’avait que sensiblement baissé de 94 à 93 décès pour 1 000 naissances vivantes ; et la mortalité néonatale avait augmenté de 42 pour cent. Il reste donc beaucoup plus à faire, particulièrement dans les comtés aux résultats les plus faibles.

En 2017, les paiements directs des ménages représentaient près de la moitié des dépenses de santé, malgré des dépenses publiques de santé par habitant relativement importantes à hauteur de 57 dollars américains (GHED-OMS) – avec les bailleurs de fonds extérieurs assumant un tiers de ce coût. En parallèle, le Libéria est confronté à d’importantes disparités entre ses 15 comtés, et ce en matière d’accès aux soins, de résultats de santé et de financements. Alors que des efforts sont déployés en vue d’augmenter les dépenses nationales pour la santé sur le long terme, l’espace fiscal re

streint constitue un défi majeur. Le soutien apporté par le GFF au Liberia pour promouvoir une coordination efficace et une hiérarchisation des ressources extérieures existantes est donc particulièrement décisif pour garantir l’accès des femmes, des enfants et des adolescents aux services essentiels de santé.

Promouvoir un accès équitable aux services de santé en comblant les déficits financiers

Bien que le gouvernement du Libéria appuie les 15 comtés du pays, il existe de grandes disparités sanitaires entre les comtés. Le GFF s’est attaché à soutenir le gouvernement pour élaborer un dossier d’investissement ambitieux, centré sur les six comtés aux résultats de santé et de nutrition les plus faibles – Gbarpolu, Grand Bassa, Grand Kru, River Gee, River Cess et Sinoe. Cela a permis de mettre l’accent sur les financements supplémentaires requis afin de répondre aux priorités principales de ces comtés, notamment les soins obstétriques et néonataux d’urgence, la santé des adolescents, la préparation aux urgences, les systèmes d’enregistrement et des statistiques de l’état civil (CRVS), l’engagement de la communauté et le recours aux données pour la prise de décisions. En complément de ces efforts, un projet soutenu par l’USAID finance un ensemble de services essentiels de santé dans six comtés afin de couvrir 1,8 million de personnes avec des services de planification familiale, de santé maternelle et infantile ainsi que des services de prévention et de traitement du paludisme.

Les dépenses nationales pour la santé étant fortement contraintes, le GFF a aidé le gouvernement à cartographier les ressources et à élaborer un plan d’action pour améliorer l’efficacité de l’aide au développement. Le plan a contribué à l’alignement des ressources existantes, et ce dans le but de combler les déficits de financement relatifs aux domaines prioritaires détaillés dans le dossier d’investissement. Dans ce cadre, les engagements pris en matière de financements externes se sont vu augmenter de façon constante, doublant sur une période de trois années pour passer de 27 millions de dollars américains au cours de l’exercice financier 2017–2018 à 30 millions de dollars américains au cours de l’exercice financier de 2018–2019 et à 55 millions de dollars américains au cours de l’exercice financier de 2019–2020. En outre, le gouvernement a également augmenté les dépenses publiques pour la santé en tant que part des dépenses publiques, et ce de10,5 pour cent au cours de l’exercice financier de 2016–2017 à 14,1 pour cent au cours de l’exercice financier de 2018–2019. Un outil numérique de suivi et de cartographie des ressources permettra prochainement au gouvernement et aux partenaires d’accéder en temps réel à des informations relatives à l’allocation des ressources et aux dépenses, permettant ainsi de mieux orienter les décisions politiques prises en matière d’affectation de fonds et d’aligner au mieux les ressources sur les besoins les plus pressants.

Le GFF fournit également une assistance technique dans le cadre de réformes à long terme du financement de la santé, ce à travers une subvention de 16 millions de dollars américains visant à appuyer la mise en œuvre du dossier d’investissement, reliée au Projet de renforcement des systèmes de santé financé par la Banque mondiale. Ce projet se focalise sur le renforcement des capacités du gouvernement à réformer et à étendre l’achat stratégique des services en fonction de la performance des prestataires. Cela incite à étendre les services de qualité aux populations mal desservies et à augmenter le financement des services de première ligne. Dans trois des six comtés priorisés, le paiement des prestataires de services est conditionné par l’obtention de résultats relatifs aux indicateurs de santé maternelle, infantile et des adolescents, et d’indicateurs de qualité, ce à la fois au niveau des hôpitaux et au niveau des services de santé primaire.

Encourager les résultats de santé

L’attention portée à l’alignement des ressources sur les priorités a déjà permis d’améliorer des résultats de santé ainsi que la prestation de services, et contribue à réduire l’écart qui existe entre les comtés accusant un retard et le reste du pays. Le GFF s’attache actuellement à travailler avec le gouvernement afin d’étendre ce modèle basé sur la performance à l’échelle nationale. Les enquêtes démographiques auprès des ménages de 2013 et de 2019 révèlent plusieurs résultats positifs.

Accouchements en milieu institutionnel

  • Entre 2016 et 2019, le nombre d’accouchements assistés en établissement de santé a augmenté de 24 pour cent dans les six comtés prioritaires (DHIS2). Au niveau national, les accouchements assistés ont augmenté de 43 pour cent entre 2013 et 2019 (EDS).

Soins de santé prénataux et postnataux

  • Entre 2017 et 2019, le nombre total de femmes ayant bénéficié de quatre consultations prénatales a presque quintuplé au niveau national (passant de 19 000 à presque 84 000), et quadruplé dans les six comtés prioritaires (passant de près de 3 000 à plus de 12 000). Le nombre de femmes ayant reçu des soins postnataux de la part d’un personnel qualifié dans les 24 heures suivant l’accouchement s’est vu quasiment multiplié par 6, passant de près de 16 000 à plus de 100 000 au niveau national, et passant de près de 2 500 à 17 000 dans les six comtés prioritaires (DHIS2).

Vaccination des enfants

  • Entre 2016 et 2019, le nombre de nouveau-nés ayant été vaccinés de façon complète a augmenté de 20 pour cent au niveau national (DHIS2). De 2013 à 2019, la couverture vaccinale de base pour les enfants de moins de deux ans a augmenté de 55 à 65 pour cent, atteignant 134 500 enfants (EDS). Étant donné que seuls deux comtés prioritaires affichent un taux de couverture supérieur à la moyenne nationale, des efforts supplémentaires seront encore requis afin de combler les écarts existants.

Planification familiale

  • Entre 2016 et 2019, les consultations axées sur la planification familiale ont augmenté de 60 pour cent au niveau national (DHIS2). Seul le comté prioritaire de Rivergee a enregistré des progrès sur cet indicateur ; les autres enregistrent des baisses. Les comtés soutenus par le programme FARA de l’USAID, qui se concentre spécifiquement sur les services de planification familiale, ont connu d’importantes améliorations.
  • Entre 2013 et 2019, le taux de prévalence contraceptive est passé de 19 à 25 pour cent au niveau national ainsi que dans les six comtés prioritaires. Les plus fortes augmentations ont été enregistrées dans les comtés de Grand Kru (25 pour cent), de Grand Bassa et River Cess (16 pour cent). Au niveau national, la fécondité des adolescentes a chuté de 14 pour cent.