Chaque année, plus de 200 millions de femmes désirent éviter ou retarder une grossesse – mais elles n’utilisent pas de moyens de contraceptions. Pourquoi ? 

Cela s’explique du fait que beaucoup de femmes n’ont pas accès à la contraception et à l’information ou aux conseils requis pour connaître les options disponibles. Cette situation cause souvent une  sous-utilisation des méthodes de planification familiale et cela, dans des pays où la demande est pourtant très forte.  Par exemple, en République Démocratique du Congo, malgré un fort taux de besoins non-satisfaits en matière de planification familiale, seuls huit pour cent de la population utilise une méthode de contraception.  C’est ainsi que beaucoup de pays affichent des taux de fécondité élevé, comme en Ouganda où une femme a en moyenne 6.2 enfants.  Dans certains pays, les mamans ne sont pas beaucoup plus âgées que leurs enfants. Au Kenya, les grossesses parmi les adolescents âgées de 15 à 19 ans s’élève à 18 pour cent

De multiples facteurs expliquent cette situation. Il est donc impératif d’agir dans l’ensemble des domaines qui touchent à la santé de la reproduction, de la mère, du nouveau-né, de l'enfant et de l'adolescent(e). Selon le Guttmacher Institute , quatre femmes enceintes sur 10 dans les pays en voie de développement ne bénéficient pas des quatre consultations prénatales requises et, près d’un tiers des femmes n’accouchent pas dans des établissements de santé. Les conséquences en sont désastreuses et mortelles : en 2015, plus de 300 000 femmes sont décédées au cours de leur grossesse ou de leur accouchement ou au cours des semaines suivants la naissance, et près de 2 millions d’enfants sont morts  dans la semaine qui a suivi leur naissance.

En outre, en raison du manque d’éducation sexuelle et d’accès à des services adaptés pour les adolescentes, ainsi que des  mariages précoces et forcés, 16 millions d’adolescentes  de 15 à 19 ans accouchent chaque année dans le monde, et plus de 3 millions avortent dans des conditions risquées. Les décès liés à la grossesse sont la deuxième cause de décès pour cette tranche d’âge. De plus, les enfants mis au monde par des adolescentes présentent un risque de mortalité nettement plus élevé que ceux dont la mère est âgée de 20 à 24 ans. Les grossesses parmi les adolescentes contribuent à perpétuer la pauvreté d’une génération à l’autre : elles empêchent la mère et l’enfant d’accéder à l’éducation et à des emplois qui leur permettaient d'avoir un avenir meilleur. 

Fournir des services complets de santé sexuelle et reproductive  – incluant la planification familiale ; les soins pendant la grossesse ; les consultations prénatales ; les soins du nouveau-né ; les traitements destinés aux femmes enceintes vivant avec le VIH ; et le traitement des infections sexuellement transmissibles – permet aux femmes ainsi qu’à leurs enfants non seulement de survivre mais aussi de s’épanouir.  La clé d’un recul décisif de la mortalité maternelle et infantile réside dans l’expansion  des services de santé reproductive, maternelle et néonatale.  

Les vies sauvées sont celles de personnes comme Rose et son bébé dont les chances de survie et d’épanouissement ont considérablement augmenté une fois qu’elles ont reçu des soins dans le Comté de Samburu au Kenya. 

Parce que Rose et son bébé ont survécu et parce que Rose a accès à la planification familiale, sa fille aura l’occasion d’aller à l’école. Une expansion de ces services  stimulera la force de travail  et accroîtra le revenu des ménages, réduisant par extension le niveau de pauvreté dans les pays les plus pauvres du monde.

Ce processus de transformation est au cœur de la vision portée par les Objectifs de Développement Durable (ODD) et à laquelle entend contribuer le Mécanisme de Financement Mondial (GFF) créé en soutien à l’initiative « Chaque Femme Chaque Enfant ».  Le GFF vise à mettre fin  aux décès évitables de mères, de nouveau-nés, d’enfants et d’adolescent(e)s d’ici à 2030, ainsi qu’à améliorer la santé et la qualité de vie des femmes, des enfants et des adolescents. Comment ?

Le GFF opère dans 16 pays, accroissant  significativement les ressources financières  dans 16 pays afin d’améliorer la couverture, l’équité et la qualité d’un paquet  intégré de services de SRMNEA pouvant  générer un impact à grande échelle  et faire progresser les pays vers une couverture sanitaire universelle et un financement durable de la santé.

Tous les Dossiers d’Investissement nationaux du GFF sont des plans priorisés, chiffrés et catalysés par les pays pour la SRMNEA.   Réunis sous le leadership du gouvernement, les partenaires principaux s’efforcent de mobiliser des ressources nationales et internationales pour financer ces Dossiers d’Investissements et fournir  l’appui technique et les mesures de renforcement des capacités nécessaires pour que ces programmes soutiennent des investissements intelligents, à l’échelle et durables.

Les Dossiers d’Investissement s’accompagnent d’une stratégie de financement de la santé qui permet d’orienter le financement vers des  actions prioritaires en matière de santé sexuelle et  reproductive, à savoir :

  • Fournir de l’information,  des conseils et des services de santé sexuelle et reproductive, notamment de planification familiale,  à travers le continuum complet de soins, et dans le cadre d’un paquet  intégré visant à améliorer la santé des femmes, des enfants et des adolescent(e)s;
  • Accroître l’accessibilité et l’utilisation d’au moins trois méthodes de planification familiale de qualité, et diffuser des informations exactes sur la planification familiale ;
  • Prévenir et prendre en charge les infections sexuellement transmissibles et le VIH/SIDA ;
  • Étendre la couverture, améliorer la qualité et accroître l’utilisation de services de nutrition présentant un bon rapport coût/efficacité, en ciblant les femmes enceintes, les femmes qui  allaitent, ainsi que les enfants de moins de cinq ans;
  • Améliorer et étendre les services de santé sexuelle et reproductive ciblant les adolescent(e)s, tant au sein du secteur de la santé que dans d’autres secteurs ;
  • Assurer la sécurité des stocks des  produits de la santé reproductive;
  • Remédier aux problèmes d’équité rencontrés lors de la prestation de services de santé sexuelle et reproductive, considérant divers facteurs comme les  revenus, la localisation géographique, l’âge, le genre, etc.

Alors que le GFF achève sa première année depuis son lancement en juillet 2015 lors de la Conférence sur le Financement du Développement, nous avons des raisons d’être optimistes.  Tous les pays soutenus par le GFF désirent traiter le programme inachevé de la SRMNEA, se concentrer sur les domaines sous-financés comme la planification familiale et la nutrition, et cibler les groupes négligés comme les adolescent(e)s. Les pays cherchent également à réduire les inégalités et à améliorer la qualité des soins en adaptant les  stratégies aux contextes. Par exemple, un programme pilote innovant mis en œuvre dans les hauts plateaux dans l’ouest du Cameroun affiche des résultats prometteurs en termes d’amélioration de la qualité et d’utilisation des services de santé maternelle et infantile. 

De même, en RDC, où la mortalité maternelle est élevée avec 846 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, le Dossier d’Investissement priorise l’amélioration de la couverture, de la qualité et de l’équité des services de SRMNEA et l’amélioration des systèmes de gestions de la santé. Les interventions de  santé sexuelle et reproductive, telles que la planification familiale, sont intégrées dans le paquet de services de SRMNEA et se concentrent sur  le renforcement de l’approvisionnement et de la distribution des produits de la planification familiale, sur l’intégration des services de planification familiale dans les soins post-partum, sur l’extension des services de santé sexuelle et reproductive aux niveaux clinique et communautaire, ainsi que sur la fourniture de services de santé sexuelle et reproductive adaptés aux jeunes.

Étant donné que le Liberia  se relève et se reconstruit après la crise de l’Ébola de 2014, son Dossier d’Investissement se concentre sur des interventions intégrées de SRMNEA dans les six comtés où les besoins sont les plus criants. Le Dossier d’Investissement vise particulièrement  à améliorer la qualité des soins obstétricaux et néonatals d’urgence.

Le gouvernement du Kenya investit dans des programmes innovants visant à améliorer les incitations du côté de l’offre, telles que celles qui ont permis à Rose et à sa fille de bénéficier des soins dont elles avaient besoin. Le gouvernement du Kenya met également l’accent sur le côté de la demande afin de vaincre les inégalités en utilisant particulièrement des bons et des transferts monétaires conditionnels et en se concentrant sur les vingt comtés dont les résultats de SRMNEA sont les plus faibles.

Nous en sommes au tout début d’un long processus. Il est important de se rappeler de l’adage qui dit :  « Si [vous] voulez aller vite, allez-y  seul, mais si [vous] voulez aller loin, alors allez-y ensemble