Les défis
Au cours de la dernière décennie, l’Indonésie a réalisé des progrès remarquables en matièrede santé maternelle et infantile. Néanmoins, la malnutrition demeure une preoccupation majeure et les retards de croissance restent obstinément élevés, et ce malgré les efforts considérables déployés par le gouvernement. Une ambitieuse stratégie nationale veille à ce que les ménages ayant des femmes enceintes ou des enfants de moins de deux ans puissent accéder à un ensemble de services essentiels afin de prévenir les retards de croissance. Cette stratégie vise 48 millions de mères et d’enfants dans 514 districts du pays et s’attache à permettre aux enfants de s’épanouir pleinement. Le Mécanisme de financement mondial (GFF) apporte un appui catalytique au gouvernement pour renforcer l’engagement politique, la coordination et la redevabilité à tous les niveaux, l’expansion de systèmes d’information innovants et l’adoption des réformes du financement de la santé requises pour accélérer l’impact.
Aligner les secteurs sur un seul objectif
Au cours de la dernière décennie, l’Indonésie a progressé de manière significative en matière de santé. Entre 1990 et 2017, la mortalité des enfants de moins de 5 ans a chuté de 67 pour cent et l’espérance de vie est passée de 63 ans en 1990 à 69 ans en 2015. En 2018, bien que le gouvernement ait beaucoup investi dans la nutrition des mères et des jeunes enfants, un enfant de moins de cinq ans sur trois souffrait d’un retard de croissance ; près de 18 pour cent affichaient un poids insuffisant et 10 pour cent avaient un faible rapport poids/taille. Ces indicateurs ont de graves conséquences pour le potential du pays à développer son capital humain, à accroître la productivité et à promouvoir la croissance économique.
L’expérience et les enseignements tirés au niveau mondial indiquent que faire face aux retards de croissance requiert un leadership, et ce à travers de multiples secteurs et à tous les niveaux du gouvernement. Sur cette base, le gouvernement s’est engagé à haut niveau en lançant une ambitieuse stratégie nationale de 14,6 milliards de dollars américains afin d’accélérer une réduction des retards de croissance. Dirigée par le président et le vice-président d’Indonésie, cette stratégie coordonne 23 ministères à travers divers secteurs comme la santé, l’eau et l’assainissement, l’éducation de la petite enfance, la protection sociale et la sécurité alimentaire. L’objectif est d’assurer que chaque ménage dans le pays ait accès à un ensemble de services de base dont l’efficacité en matière de réduction des retards de croissance a été démontrée. Le programme a initialement ciblé les 100 districts les plus touchés et s’étendra rapidement pour atteindre l’ensemble des 514 districts du pays d’ici à 2022. En 2019, il était estimé que le programme couvrait déjà 3,9 millions de mères et 10,6 millions d’enfants de moins de deux ans.
Catalyser le changement à travers un engagement politique et le renforcement des capacités
Pour renforcer la stratégie nationale axée sur la réduction des retards de croissance, le GFF a engagé 20 millions de dollars américains, reliés à un projet de 400 millions de dollars américains financé par la Banque mondiale – Investing in Nutrition and Early Years Program for Results. L’appui du GFF se focalise sur des actions catalytiques spécifiques, notamment le renforcement de la coordination et de la redevabilité nationales, la mise à l’échelle d’interventions spécifiques pour combler les lacunes en matière de prestation de services, et la conduite de réformes du financement de la santé. Par exemple, le GFF soutient une série de « Sommets sur le retard de croissance » dans les 100 districts prioritaires afin d’obtenir des engagements politiques de la part des chefs de district. Ces sommets ont permis d’établir des plans d’action concrets et de mobiliser des ressources de façon coordonnée en vue d’atteindre les objectifs fixés par le programme. En outre, le GFF a aidé le bureau du vice-président à établir un système de suivi de la performance axé sur des données et à améliorer la disponibilité des données importantes liées aux résultats de santé et de nutrition, permettant ainsi de signaler et de répondre aux goulots d’étranglement et de promouvoir la redevabilité.
L’assistance technique financée par le GFF soutient également la mise à l’échelle d’interventions spécifiques qui ciblent les lacunes qui existent en matière de prestation de services de santé et de nutrition. Afin de mieux comprendre les lacunes et les défis actuels, le GFF aide les gouvernements locaux à renforcer la capacité de leur personnel de développement humain – qui s’attache à faire du porte-à-porte pour de deux ans, à identifier les lacunes en matière de services, à fournir des informations sur la nutrition et à inciter les familles à accéder aux services. De 2018 à 2019, le nombre d’agents employés par le programme s’est vu multiplié par 20, passant d’environ 3 500 agents à près de 73 000 agents et couvrant 97 pour cent des villages. Parmi ces agents, 95 pour cent ont été formés dans des domaines pertinents liés à la nutrition. En s’appuyant sur le système de tableaux de bord existant pour suivre les résultats, le GFF a aidé l’Indonésie à déployer des solutions technologiques innovantes, dont une application numérique permettant de suivre les résultats en temps réel dans l’ensemble des 75 000 villages du pays. À ce jour, 39 pour cent de tous les villages ont déjà mis en oeuvre cette application numérique.
Le GFF soutient également la communication visant à stimuler un changement de comportement en matière de nutrition, de stimulation de la petite enfance, d’assainissement et d’hygiène parmi les familles vulnérables. En 2019, 72 districts prioritaires avaient mis en oeuvre des activités de communication axées sur le changement de comportement adaptées aux réalités locales. Près de 2 000 enseignants ont été formés à la santé de la petite enfance et 843 enseignants ont été certifiés.
En outre, le GFF soutient des programmes visant à assurer la sécurité alimentaire des ménages. En 2019, des aliments riches en vitamines et en protéines ont été introduits dans le programme d’aide alimentaire et ont été distribués à 20 millions de bénéficiaires au niveau national.
Accroître les ressources et l’efficacité des dépenses a permis d’aligner les services
Afin de promouvoir une prestation de services plus intégrée, le GFF a aidé le ministère des Finances à adopter une nouvelle règlementation qui exige que les gouvernements locaux alignent leur processus de planification et de budgétisation sur les priorités de la stratégie nationale. Le GFF a également travaillé avec le gouvernement pour introduire un nouveau mécanisme de transfert budgétaire – une réforme importante qui facilite la coordination de la prestation de services au niveau des districts et à travers les secteurs. En 2019, en utilisant ce nouveau modèle de transfert budgétaire, le gouvernement a mis 88 millions de dollars américains à la disposition des gouvernements locaux. Une part de ce transfert fiscal a été alloué au Fonds des villages – un fonds special établi pour effectuer directement des transferts en espèces aux villages. Dans ce cadre, la part moyenne des dépenses de nutrition dans les villages s’est accrue de 26,2 pour cent dans les districts prioritaires. Dans l’ensemble, les dépenses nationales consacrées aux interventions spécifiquement axées sur les retards de croissance ont augmenté de 8,5 dollars américains par habitant en 2017 à 12,3 dollars américains par habitant en 2018 (GHED-OMS).
Le GFF a également soutenu la mise en place de systèmes plus intelligents axés sur le suivi des ressources et des performances. En 2019, le ministère des Finances a publié une étude qui relie les dépenses de nutrition aux résultats obtenus, indiquant comment le budget a été dépensé. Cela a permis au gouvernement d’améliorer la coordination et de garantir une meilleure utilisation des ressources.
Une mise en oeuvre réussie produit des résultats positifs
Les résultats préliminaires suggèrent que la stratégie de l’Indonésie, appuyée de façon catalytique par le GFF et d’autres partenaires, produit des résultats positifs pour les femmes, les enfants et les adolescents.
Progression dans les services de santé et de nutrition maternels et infantiles
- Entre 2018 et 2019, le taux de retard de croissance parmi les enfants de moins de cinq ans est passé de 30,8 pour cent à 27,7 pour cent.
- Entre 2017 et 2019, le nombre de nourrissons (0-6 mois) allaités de façon exclusive a augmenté de manière significative, passant de 60,2 pour cent à 66,7 pour cent. L’allaitement maternel dans l’heure qui suit la naissance est passé de 42,7 pour cent en 2016 à 58,2 pour cent en 2018.
- Le pourcentage de bébés âgés de 6 à 23 mois qui ont reçu un régime alimentaire minimum acceptable est passé de 56,2 pour cent en 2018 à 58,2 pour cent en 2019 au niveau national, et de 52,6 pour cent en 2017 à 55,9 pour cent en 2019 dans les 100 districts prioritaires.
- Entre 2017 et 2019, le nombre d’enfants âgés de 1 à 3 ans recevant une vaccination complète s’est accru, passant de 37,3 pour cent à 47 pour cent au niveau national, et de 39,2 pour cent à 48 pour cent dans les 100 districts prioritaires.
- La couverture en matière de supplémentation en fer pendant la grossesse (plus de 90 comprimés de fer au cours de la grossesse) est passée de 35,5 pour cent à 37,7 pour cent entre 2016 et 2018.
Amélioration de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement
- Entre 2017 et 2019, le pourcentage de ménages avec enfants de moins de deux ans ayant accès à une eau potable améliorée est passé de 70 pour cent à 72 pour cent au niveau national, et de 65,3 pour cent à 69 pour cent dans les 100 districts prioritaires.
- Le pourcentage de ménages ayant accès à un meilleur assainissement est passé de 62,4 pour cent à 66,6 pour cent au niveau national, et de 54,3 pour cent à 58 pour cent dans les 100 districts prioritaires.
Augmentation de l'enregistrement des naissances
- Le pourcentage d'enfants de moins de cinq ans ayant reçu un certificat de naissance est passé de 69,5 pour cent à 71,7 pour cent au niveau national, et de 62,9 pour cent à 65 pour cent dans les 100 districts prioritaires.