Les défis
Avec l’appui du Mécanisme de financement mondial (GFF) et d’autres partenaires, le gouvernement d’Éthiopie a élaboré un plan de transformation du secteur de la santé afin d’accélérer la réalisation de résultats, et cela en s’appuyant sur les progrès réalisés à ce jour. Ce plan constitue le dossier d’investissement pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents d’Éthiopie, il aide à prioriser et à guider les investissements pour une expansion des services de santé de qualité, particulièrement dans les régions affichant une faible progression et étant confrontées aux besoins de financement les plus importants. Le GFF a facilité la réalisation d’importantes réformes qui ont permis de réduire les écarts financiers et de renforcer les systèmes de données axés sur le suivi des progrès réalisés. En outre, le GFF a aidé à stimuler un dialogue avec le secteur privé afin de mobiliser davantage d’investissements dans la santé. Ces efforts ont contribué à améliorer les résultats en matière de santé, notamment au niveau de la prestation de services, de l’augmentation du nombre d’accouchements assistés, du recours accru à la contraception, et de la participation des enfants de moins de deux ans aux programmes de suivi de la croissance.
Un leadership national catalyse de meilleurs résultats de santé
Une croissance économique constante, couplée à une forte gestion gouvernementale, a permis à l’Éthiopie d’obtenir de meilleurs résultats en matière de santé pour les femmes et les enfants. Entre 2000 et 2016, les taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans et des nourrissons ont respectivement chuté de 42 et de 28 pour cent. Au cours de la même période, le taux de fécondité des femmes est passé de 5,5 à 4,6 enfants par femme. L’Éthiopie accuse néanmoins un retard dans plusieurs domaines, notamment dans la planification familiale, la santé des adolescents et les retards de croissance. Les dépenses de santé par habitant s’élevaient à 32 dollars américains – ce qui était inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne – et relevaient quasiment à part égale des bailleurs de fonds, des paiements directs et des ressources publiques. Entre 2000 et 2017, les ressources nationales pour la santé en tant que part des dépenses totales se sont accrues de 7,5 à 8,6 pour cent, mais cette augmentation découlait principalement des ressources externes canalisées à travers le gouvernement (budgétisées). Les progrès vers une couverture médicale universelle nécessiteront des réformes de financement visant à accroître la mobilisation des ressources nationales pour la santé et à aligner les ressources existantes des bailleurs de fond sur une prestation de services équitable.
Stimuler une transformation sanitaire à travers un appui ciblé
L’Éthiopie a été le premier pays à rejoindre le GFF, et son Plan de transformation du secteur de la santé est prévu pour aider le pays à atteindre la couverture universelle de santé en priorisant l’expansion de services de santé équitables et de qualité, et de renforcer les systèmes de santé et leur infrastructure. Le plan est mis en œuvre avec le soutien d’une subvention du GFF de 60 millions de dollars américains qui a mobilisé une contribution de 150 millions de dollars américains de la part de l’IDA, qui gère les fonds pour les pays les plus pauvres. Il est également soutenu par le Fonds de développement durable, un fonds commun de 11 donateurs géré par le ministère fédéral de la Santé.
En collaboration avec les partenaires et la Banque mondiale, le GFF a joué un rôle décisif dans la mise en œuvre du plan. Plus précisément, le partenariat du GFF avec l’Éthiopie a contribué à :
- Stimuler des résultats en incorporant des indicateurs pertinents au projet de la Banque mondiale et en conditionnant les paiements à de meilleurs résultats.
- Prioriser les interventions dans les domaines qui affichent la plus faible progression, particulièrement la planification familiale et la santé des adolescents, et conditionner les paiements à la réalisation de résultats spécifiques. Ceci a mené à l’élaboration de la première politique nationale pour la santé des adolescents.
- Réduire les écarts entre les résultats de santé des régions accusant un retard et le reste du pays. Par exemple, le GFF a soutenu les régions de l’Afar et de l’Oromia ainsi que la région Somali en vue d’accroître les accouchements en présence d’un personnel qualifié.
- Renforcer les systèmes de santé en allouant des ressources aux systèmes d’approvisionnement et de distribution de produits pharmaceutiques et à l’infrastructure sanitaire. Le GFF a également soutenu l’amélioration des systèmes d’enregistrement et de statistiques de l’état civil (CRVS), et ce en fournissant également un soutien à Agence fédérale d’enregistrement des faits de l’état civil afin de passer à un système d’enregistrement électronique.
Faciliter les réformes du financement de la santé ainsi que l’engagement du secteur privé
Pour aider le gouvernement à accroître ses propres ressources et à utiliser les financements existants de manière plus efficace, le GFF – avec le soutien de la Banque mondiale et de la Fondation Bill et Melinda Gates – a fourni un appui et une analyse techniques en vue d’instaurer un dialogue axé sur les réformes du financement de la santé et d’identifier les déficits de financement ainsi que les obstacles qui entravent une exécution budgétaire efficace. Le GFF a également soutenu l’expansion nationale de l’assurance santé à base communautaire – un régime volontaire d’assurance santé conçu pour réduire les paiements directs pour les personnes du secteur informel.
Avec ce soutien, le gouvernement a pu mettre en œuvre des réformes spécifiquement axées sur le financement de la santé :
- Suppression des obstacles financiers et accroissement de la couverture des services : L’assurance santé à base communautaire (CBHI) a été étendue dans cinq des neuf régions d’Éthiopie, notamment les régions de l’Amhara, du Benishangul-Gumuz, de l’Oromia, des Nations, Nationalités et peuples du Sud (SNNP) et du Tigray, ainsi que les administrations des villes d’Addis-Abeba et Dire-Dawa. Cette expansion a permis de couvrir 28 pour cent de la population nationale, par rapport à seulement un pour cent de la population en 2015. Elle a également entraîné une utilisation accrue des services de santé – les visites effectuées par les personnes assurées dans les établissements de santé étaient 43 pour cent plus élevées que la moyenne nationale. Une couverture plus importante de l’assurance a également contribué à réduire la part des paiements directs, et ce de 34 pour cent en 2010 à 30 pour cent en 2017.13
- Augmentation significative des ressources nationales pour mettre en œuvre le dossier d’investissement : En un peu plus d’une année seulement, les allocations budgétaires nationales effectuées en soutien au plan ont augmenté de 40 pour cent (de 42 pour cent en 2018/19 à 59 pour cent en 2019/20). Ceci a permis de réduire le déficit financier de 35 à 20 pour cent dans le cadre des 4,7 milliards de dollars américains requis pour la mise en œuvre du plan.
- Réalisation de nouveaux partenariats public-privé pour la santé : Une évaluation du secteur privé de la santé a été menée afin de comprendre comment tirer parti des investissements sanitaires du secteur privé. Cela a notamment inclus une évaluation des réglementations et des politiques requises afin de soustraire les risques associés aux marchés. Ce dialogue a entraîné la création d’une fédération de parties prenantes du secteur privé, incluant les hôpitaux privés, les sociétés pharmaceutiques, les organisations de la société civile et d’autres.
- Amélioration des données pour renseigner la prise de décision : Le GFF a soutenu la mise à jour de la base de données BOOST, ce qui a permis au gouvernement de fournir des données sur le financement de la santé à tous les niveaux de manière plus systématique afin d’éclairer les réformes politiques. En 2019, une évaluation de la disponibilité et de l’état de préparation des services menée avec le soutien du partenariat du GFF a également souligné que la collecte et l’utilisation des données ainsi que la réalisation de rapports s’étaient améliorés, ce avec 84 pour cent des centres de santé transmettant des données sanitaires en temps opportun – dépassant ainsi l’objectif initialement fixé à 80 pour cent.
Contribuer à de meilleurs résultats de santé
Le partenariat du GFF avec l’Éthiopie a joué un rôle décisif dans la progression constante du pays vers une couverture de santé universelle. À partir de février 2020, et avec l’appui du GFF, l’Éthiopie s’est attachée à augmenter la couverture des services de santé maternelle et infantile, dépassant ainsi les objectifs fixés dans le plan de transformation.
Augmentation des consultations prénatales, des accouchements assistés et de l’utilisation des contraceptifs modernes
- Le nombre de femmes bénéficiant de quatre consultations prénatales a augmenté de 32 à 43 pour cent. De même, le nombre de femmes enceintes recevant des comprimés de fer et d’acide folique est passé de 42 à 60 pour cent.
- Les accouchements assistés par un personnel qualifié sont passés de 19 à 33 pour cent dans les régions moins performantes de l’Oromia, de l’Afar et Somali, et ont quasiment triplé au niveau national en passant de 18 à 50 pour cent.
- L’utilisation des méthodes modernes de contraception a atteint 41 pour cent, avec 27 pour cent des femmes utilisant des contraceptifs modernes injectables.
Amélioration de la santé infantile
- Le nombre d’enfants de moins de deux ans inscrits au programme de Promotion du suivi de croissance a augmenté de 38 à 54 pour cent. En outre, dans les régions plus développées, le nombre de districts distribuant des compléments de vitamine a aux enfants a plus que doublé passant de 48 à 100 pour cent. La prévalence de l’émaciation a également diminué de 3 pour cent pour atteindre 7 pour cent en 2019.
- La vaccination des enfants de moins de deux ans s’est améliorée de manière globale. Le nombre d’enfants vaccinés au pentavalent 3 a augmenté de 54 à 61 pour cent ; deux tiers des enfants avaient reçu toutes les injections du vaccin antirotavirus et 60 pour cent avaient bénéficié d’une vaccination complète contre la polio.
Renforcement des données de santé
La collecte et l’utilisation de données ainsi que l’établissement de rapports en temps opportun ont considérablement entre 2016 et 2018 (SARA 2018). Le nombre d’établissements de santé primaire disposant d’un accès aux médicaments essentiels est passé de 42 à 48 pour cent (MDS).