Burkina Faso

Construire des systèmes de santé résilients dans des régions touchées par les catastrophes    

Contact Gouvernement

Dr. Estelle-Edith Dabiré/Dembélé

Directrice Générale des Etudes et des Statistiques Sectorielles, Ministère de la Sante

Les défis

Au cours des vingt dernières années, le Burkina Faso a réalisé des progrès considérables en matière de santé et de nutrition maternelles et infantiles. La couverture des services essentiels s’est améliorée, et davantage d’enfants ont été immunisés et ont bénéficié d’interventions axées sur la nutrition. Cependant, la recrudescence du conflit armé a aggravé l’insécurité et impacté la prestation des services de santé dans six régions, laissant pour compte de nombreuses femmes et de nombreux enfants. Le Mécanisme de financement mondial (GFF) travaille avec le gouvernement pour renforcer la résilience des systèmes de santé et mettre en oeuvre des réformes du financement de la santé et cela, afin d’étendre la  couverture des services de qualité aux populations vulnérables de ces régions. Cette intensification des efforts axés sur l’équité constitue un élément fondamental de la progression du Burkina Faso vers une couverture de santé universelle.

Progrès réalisés, mais des défis subsistent

Le Burkina Faso a réalisé d’importants progrès en matière de santé maternelle et infantile. Les accouchements assistés en milieu institutionnel sont passés de 66 pour cent en 2010 à 84 pour cent en 2015, et le nombre de femmes bénéficiant de quatre consultations prénatales est passé de 28 pour cent en 2015 à 38 pour cent en 2017 (EDS 2010, EMDS 2015, AS/MS). En 2016, le nombre d’enfants bénéficiant d’une immunisation complète avait plus que doublé (86 pour cent) et cela, par rapport au 43 pour cent enregistré en 2003 (MIS 2018, EDS 2003). De 2010 à 2015, la mortalité des enfants de moins de cinq ans avait chuté par plus d’un tiers (36 pour cent), et la mortalité néonatale avait baissé de 28 pour cent (DHS 2010, EMDS 2015). La mortalité maternelle avait sensiblement diminué, les femmes avaient moins d’enfants et, l’accès à la contraception avait presque doublé passant de 15 à 27 pour cent (MIS 2017/18). Malgré les progrès réalisés, la malnutrition continue néanmoins à affecter de nombreux enfant, avec les retards de croissance passant de 25 à 21 pour cent et l’émaciation stagnant à 8,6 pour cent. (Enquête nationale de Nutrition).

En dépit de ressources financières limitées, le Burkina Faso a augmenté ses dépenses publiques pour la santé, passant de 10 dollars américains par habitant en 2015 à 16 dollars américains par habitant en 2017. La majeur partie de ces dépenses (85 pour cent) est consacrée aux services de santé primaire et aux services ambulatoires (GHED-OMS). Au cours de la même période, les dépenses totales de santé en tant que part des dépenses publiques globales n’avait que sensiblement augmenté en passant de 12 à 14 pour cent. La part des paiements directs des ménages est restée stable, constituant près du tiers de l’ensemble des dépenses (GHED-OMS). Avec l’appui du GFF, le Burkina Faso s’attache à prioriser un accès étendu aux services et cela, sans causer de préjudices financiers aux familles.

Se concentrer sur les femmes et les enfants dans les régions touchées par le conflit

Au cours des dernières années, des troubles politiques et des insurrections ont perturbé la prestation de services dans les régions de la Boucle du Mouhoun, du Centre-Est, du Centre-Nord, de l’Est, du Nord et du Sahel. Aujourd’hui, 6 des 13 régions du pays sont confrontées à l’insécurité et cela, en dépit des efforts déployés par le gouvernement pour y répondre. Au 30 juin 2020, près de 1,3 millions de personnes – dont 85 pour cent de femmes et d’enfants – n’avaient pas accès à des services de santé primaire (UNHCR 2019). Animé par un ferme engagement envers la réalisation d’une couverture de santé universelle, le gouvernement a collaboré avec le GFF et d’autres partenaires pour développer un dossier d’investissement axé sur la priorisation et l’amélioration de l’accès à des services de santé de qualité pour les populations vulnérables. Le dossier d’investissement est financé par une subvention du GFF de 20 millions de dollars américains, reliée à 80 millions de dollars américains de la Banque mondiale à travers son Projet de Renforcement des Services de Santé

Constituer une plateforme nationale cohérente

Le GFF a aidé le gouvernement à établir un groupe multipartite inclusif dirigé par le ministère de la Santé et composé de représentants de ministères publics, d’agences sanitaires, de bailleurs de fonds, de lasociété civile et du secteur privé. En 2019, ce groupe a collaboré afin d’élaborer un dossier d’investissement initial donnant la priorités aux interventions susceptibles de renforcer les résultats de santé accusant un retard. Par la voie du dialogue et de consultations, le GFF s’est attaché à habiliter la société civile à suivre les progrès réalisés et à répondre aux objectifs du dossier d’investissement.

Révision du dossier d’investissement pour atteindre ceux dans le besoin

Le gouvernement réexamine actuellement le dossier d’investissement en fonction des enseignements tirés, s’attachant à mieux aborder (i) la résilience des systèmes de santé afin de fournir l’appui supplémentaire requis par les régions affectées par l’insécurité ; et (ii) les réformes financières, particulièrement la protection financière des populations. Le nouveau dossier d’investissement vise à étendre le programme actuel d’assurance santé à base communautaire et à assurer la gratuité des services essentiels de santé pour les mères et les jeunes enfants. Il inclura également l’achat stratégique de services afin d’encourager les prestataires de santé à accroitre à la fois le volume et la qualité des services et cela, en associant les rémunérations aux performances. En mettant l’accent sur les lacunes à combler, le nouveau dossier d’investissement contribuera également à mobiliser des ressources pour appuyer la progression graduelle du pays vers une couverture de santé universelle.

Prioriser les populations les plus défavorisées

Le nouveau plan accorde la priorité aux ressources et aux interventions à fort impact dans les six régions accusant les retards les plus importants en matière de santé maternelle et infantile et étant confronté à des niveaux d’accès moindres. Ces régions incluent Boucle de Mouhoun, Centre-Est, Est, Sahel, Nord et Centre-Nord, avec les régions du Nord accueillant les personnes déplacées par le conflit. Le nouveau plan met l’accent sur la constitution de systèmes de santé communautaires plus résiliants, capables d’assurer la prestation continue de services essentiels pour les femmes et les enfants. Par exemple, dans des régions comme celle du Sahel, l’insécurité a contraint le redéploiement des agents de santé et a, par extension, cause des perturbations majeures en matière de  prestation de services. Le nombre d’établissements de santé est insuffisant dans la région et le nombre d’agents de santé communautaire par habitant demeure très faible avec environ 8,6 agents pour 10 000 habitants (AS/MS 2018). L’accès aux services est d’autant plus difficile que près de la moitié de la population vit à plus de 10 kilomètres d’un établissement de santé (AS/MS 2017). 

 

Identifier les déficits de financement

Le GFF et la Fondation Bill and Melinda Gates ont fourni un appui au gouvernement pour cartographier les ressources et renseigner les décisions prises en matière d’allocation budgétaire pour 2020 et 2021. Cette cartographie a indiqué un meilleur alignement des partenaires, un accroissement dans les financements octroyés par les bailleurs de fonds et une augmentation des ressources nationales consacrées aux priorités. Les données ont également souligné un déficit de financement de 30 pour cent – soit 30 millions de dollars américains requis d’ici 2021 – qui découle principalement de l’expansion des activités et des coûts y relatifs. Le GFF continuera à collaborer avec le gouvernement pour pérenniser les financements et intégrer des évaluations annuelles des affectations financières et cela, conformément au processus budgétaire du gouvernement.

Promouvoir des réformes du financement de la santé afin d’instaurer la résilience

Dans le cadre du nouveau dossier d’investissement, le GFF concentrera son appui sur une série de réformes axées sur l’accès équitable à des services de santé primaire de qualité, particulièrement dans les regions prioritaires. Ceci inclut notamment la prestation gratuite de services de santé aux femmes enceintes et aux enfants de moins de cinq ans et cela, en étendant le nouveau programme d’assurance santé à base communautaire, en optimisant les contrats basés sur la performance afin d’améliorer la quantité et la qualité des services fournis, et en renforçant les systèmes de santé communautaire.

  • Améliorer la protection sociale : Le gouvernement couvrira les cotisations d’assurance santé pour les femmes enceintes, les enfants de moins de cinq ans et les ménages les plus pauvres. Il prévoit également d’ajouter la planification familiale à la gamme de services essentiels de santé couverts par ce programme.
  • Réformer les achats stratégiques : Le système actuel de contrats basés sur la performance sera réformé afin de fournir un accès à des services supplémentaires à davantage de femmes et d’enfants. Dans le cadre du programme révisé, les établissements de santé recevront un financement initial et les services pourvus seront suivis par des organisations non gouvernementales. Les réformes viseront également à augmenter le nombre d’établissements de santé privés offrant des services et des fournitures de santé plus accessibles pour les femmes et les enfants.
  • Renforcer la santé communautaire : L’accent sera placé sur la constitution de systèmes de santé communautaire plus résilients et cela, à travers la formation de professionnels de santé compétents, l’augmentation du nombre de femmes employées au sein de ces établissements et, l’assurance que les établissements disposent d’un personnel adéquat.  

Promouvoir une utilisation accrue de données de meilleure qualité pour renseigner la prise de decision

Le GFF fournit une assistance technique au gouvernement afin de renforcer les systèmes d’enregistrement et de statistiques de l’état civil et cela, pour permettre la collecte d’informations décisives sur les faits de l’état civil, particulièrement dans les régions excentrées. Pour promouvoir une utilisation accrue de données de meilleure qualité et mieux renseigner la prise de décision, le GFF a lancé un partenariat avec Countdown 2030 pour évaluer le dossier d’investissement sur une base annuelle et à mi-parcours, et renforcer les capacités de l’Institut Supérieur des Sciences de la Population de l’Université d’Ouagadougou en matière d’analyse de données. Enfin, le GFF et la Banque mondiale soutiennent le recensement de population mené par le pays dans le but de collecter des données sociodémographiques ainsi que des informations sur l’infrastructure publique, notamment les établissements de santé.

Réaliser le dossier d’investissement révisé : Étapes suivantes

En s’appuyant sur les gains précédemment générés, le Burkina Faso s’attachera à suivre les progress réalisés dans le cadre d’indicateurs importants de prestation de services et cela, tout en assurant la redevabilité et un dialogue avec toutes les parties prenantes. Ensemble, ces efforts contribueront à renforcer la résilience des systèmes de santé et à étendre la couverture des services de qualité aux populations vulnérables.